Mondial du Lion : l’analyse de Pierre Michelet
Avec trente-deux sans-faute, et seulement neuf dans le temps, pour soixante-dix chevaux au départ, le cross du championnat du monde de concours complet des chevaux de sept ans s’est révélé particulièrement sélectif samedi après-midi au Lion-d’Angers. De grands cavaliers n’ont pas su achever l’exercice, dont l’Allemande Julia Krajewski, sacrée championne olympique en 2021 à Tokyo, la Britannique Laura Collett, championne d’Europe en titre, et le Ligérien Thomas Carlile, victime d’une chute spectaculaire mais sans grave conséquence avec Iam du Loir. Avec des difficultés partout, et notamment sur les obstacles 7 et 22, le parcours a nourri le suspense tout au long de l’après-midi. Avec un peu de recul, le chef de piste français Pierre Michelet livre son analyse: “L’éclairage changeant a assez rapidement compliqué l’abord de la pointe que j’avais placée en numéro 7. En début d’après-midi, les premiers chevaux l’ont franchie sans souci. À mon sens, une mauvaise luminosité est ensuite survenue, provoquant plusieurs refus, subis y compris par des cavaliers aguerris. Il y avait une option, peu coûteuse en temps, que les cavaliers ont tardé à l’emprunter, ce qui m’a étonné. Cet obstacle avait déjà été franchi il y a deux ans, au même endroit, dans la même séquence, et déjà en début de parcours. Aucune difficulté n’avait alors été identifiée.
Pour le reste, l’épreuve s’est courue sur un terrain absolument parfait, suivant un parcours qui ressemblait finalement beaucoup à ceux des anciennes éditions. Plusieurs facteurs ont pu jouer samedi. Certains chevaux étaient peut-être un peu moins matures que d’autres années. Cette épreuve s’est révélée un peu plus sélective que d’ordinaire en fonction de ce qu’ils avaient précédemment rencontrés cette saison, chacun dans son pays, selon les conditions météorologiques vécues, les analyses des entraîneurs et cavaliers à la reconnaissance, etc. De plus, si l’on considère le contexte précis de ce week-end, l’explication est peut-être aussi sportive: les notes du dressage étant extrêmement serrées (les vingt-cinq meilleurs couples se tenaient en moins de quatre points après le premier test, ndlr), quelques cavaliers ont parfois cherché à tout prix à éviter le temps dépassé pour ne reculer au classement, jouant la carte de la vitesse, négligeant les options et produisant des sauts peut-être moins assurés. Le dressage a peut-être considérablement influencé l’état d’esprit des cavaliers à l’abord de ce cross. Néanmoins, les chevaux sortis sans pénalité se sont encore davantage mis en valeur.”