Camille Judet-Chéret : “Je commence tout juste à me sentir à ma place”

Voici la réaction de Camille Judet-Chéret, quatrième de la Reprise Libre en Musique du CDI 3* de Bois-le-Duc cet après-midi après avoir hérité d'une note de 76.945% avec Herelja Higgins:

“Je dois avouer que j'étais un poil plus fatiguée qu’hier (dans le Grand Prix, ndlr). À la détente, Corentin (Pottier, son compagnon, qui ne concourait pas ce week-end parce qu’il est déjà qualifié pour la finale de la Coupe du monde de Bâle, ndlr) m’a même dit que je n’avais pas l’air heureuse d’être là (rires)! Je n’étais pas crevée, mais j’ai déjà été plus tonique. En tout cas, je suis très contente de mon cheval!

Mon cheval, Higgins, était vraiment en forme et avec moi. J'ai connu quelques petits couacs par-ci par-là, mais je n’ai pas non plus écopé de grosse faute, et j'ai sécurisé des points dans certaines figures. Je dois encore progresser dans les pirouettes, que je fais très bien à la détente et que je dois apprendre à reproduire en piste. Aujourd’hui, j'ai justement présenté deux très belles pirouettes donc je suis vraiment contente.

Comme je l’ai dit hier, bien qu’il soit assez calme et sûr pour continuer à le monter durant mon sixième mois de grossesse, mon cheval peut être très anxieux et impressionné par l’environnement, comme cela fut le cas aux CDI-W de Neumünster et Göteborg, où le contact n’était pas aussi franc que je l’aurais aimé. Cet après-midi, alors qu’il y avait beaucoup plus de monde et de bruit dans les tribunes, et qu’il faisait plus chaud dans le hall, je l’ai trouvé beaucoup plus à l’aise et relâché. J’ai senti qu’il avait trouvé sa routine. Nous pouvons toujours nous améliorer, mais j’ai en tout cas trouvé qu’il était dans une meilleure attitude et que notre reprise était plus linéaire.

Ma décision de concourir dans le CDI 3* ou dans le CDI-W aurait été complètement différente si je n’avais pas été enceinte je pense. J'ai fait le choix du CDI 3* malgré les multiples relances de l'organisateur pour monter la Coupe du monde (qui souhaitait privilégier les cavaliers ayant une chance de se qualifier pour la finale de Bâle, probablement pour ajouter du suspense à l’épreuve, ndlr) mais, comme je suis enceinte et que cela risquait d’être mon dernier concours, je voulais être sûre de pouvoir disputer le Grand Prix et la Reprise Libre en Musique. Mais je pense que j’ai aussi fait ce choix peut-être par manque d’assurance, alors que j’ai disputé quatre étapes de la Coupe du monde cet hiver et que je me suis classée à trois reprises… Quand j’avais regardé la liste des engagés du CDI-W, je m’étais dit que j’allais me faire manger toute crue par les autres, et quand je regarde les résultats, je pense que j’aurais pu finir dans le top 10. En tout cas, cela me fait du bien de réaliser que je suis un peu à ma place. J'ai mis longtemps à avoir accès à ces Coupes du monde, peut-être plus longtemps que la moyenne des cavaliers, et j’y suis. Même si je suis quelqu’un de très exigeante envers moi-même et très perfectionniste, il faut aussi que je sois capable de prendre du recul et d’objectiver les résultats. Oui, mon cheval commet encore des fautes, oui, plein de choses sont encore à améliorer, mais nous sommes sur la bonne voie! 

Réaliser cela ne me donne pas très envie d’arrêter de monter tout de suite en tout cas (rires)… Je ne suis pas sûre d’être prête à faire ma “pause bébé” tout de suite parce que je me sens encore bien, et surtout parce que je commence tout juste à me sentir à ma place. Au début, je me disais que ce concours serait le dernier de la saison indoor. Et, hier, quand je me suis couchée, j'ai eu un gros coup de déprime. J'étais nostalgique, comme si mon cheval avait été vendu ou quelque chose de ce genre, alors que je venais de faire un beau Grand Prix. J’ai réalisé que j’étais en train de me prendre la tête et de me rendre malheureuse pour rien: je me sens encore très à l’aise, en sécurité, et je ne ressens aucune gêne, donc pourquoi arrêter maintenant? Ce week-end, j’ai concouru avec des femmes qui ont monté à cheval jusqu’à leur huitième mois de grossesse, et elles me disent toutes que le plus important est de m’écouter et de faire abstraction de la pression sociale. Être enceinte n’est pas une maladie! Du coup, nous verrons… Peut-être que je serai au départ d’un concours en avril (rires).”




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