Oleksandr Onyshchenko brigue la présidence de l’Ukraine… depuis la France ?
Sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis 2016 pour des fait présumés de corruption et de détournement de fonds publics en Ukraine, Oleksandr Onyshchenko mène une virulente campagne contre Petro Porochenko, président de cette république en guerre et en crise. Accusant son ami d’hier d’avoir mis en place un vaste système de corruption, l’ex-président de la Fédération équestre ukrainienne, ancien propriétaire et sponsor de son équipe nationale de saut d’obstacles, entend présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2019. Pour gagner son pari, il ne pourra toutefois miser que sur ses réseaux locaux et sur internet. En attendant, l’oligarque cavalier, aperçu à plusieurs reprises en Normandie ces derniers temps, se fait assez discret sur les terrains de concours…
Quelques semaines plus tôt, le vent avait sérieusement commencé à tourner pour Oleksandr Onyshchenko. Député élu à Verkhovna Rada, le parlement ukrainien, il était alors passé de conseiller proche du président Petro Porochenko, qu’il dit avoir contribué à faire élire en 2014 et soutenu y compris par des moyens peu amènes – selon ses propres aveux –, à ennemi déclaré du régime, soupçonné par les autorités ukrainiennes de corruption et de détournement de fonds publics. Alors qu’il se préparait à disputer ses troisièmes Jeux olympiques, il dut y renoncer lorsque son immunité parlementaire fut levée le 5 juillet 2016 et que le ministre de la Jeunesse et des Sports annonça qu’il ne validerait pas sa participation à cet événement…
Résiderait-il en Normandie ?

À l’heure actuelle, on ne sait plus vraiment où réside le jet-setteur. Mêlant actuelles et anciennes photos – où il pose parfois avec ses stars du sport ou du spectacle –, ses publications sur Instagram brouillent quelque peu les pistes. Il se pourrait cependant qu’il vive en France. C’est en tout cas ce que semblent indiquer certains clichés, mais aussi ses derniers engagements en compétition, en juin à Saint-Tropez et en juillet à Chantilly. En outre, on l’aperçoit régulièrement sur les terrains de concours de Normandie, où des bruits de paddock lui prêteraient l’intention d’acheter de nouvelles écuries.
Quoi qu’il en soit, Oleksandr Onyshchenko n’entend pas rester exilé les bras croisés. Fin 2017, il a contre-attaqué sur le terrain politique en lançant une virulente campagne visant à “rétablir la vérité” sur le président Petro Porochenko, qu’il accuse à son tour d’avoir mis en place un vaste système de corruption destiné à son seul enrichissement personnel. Tout cela au détriment d’un pays frappé par la crise économique et toujours guerre contre la Russie, qui a annexé la Crimée, tandis que l’instabilité politique demeure dans la région majoritairement russophone du Donbass. L’oligarque s’est appuyé sur la publication d’un livre, signé de sa main et édité en russe puis traduit en allemand sous le titre “Peter der Fünfte, Die wahre Geschichte des ukrainischen Diktators” (ou “Pierre V, la véritable histoire du dictateur ukrainien” en français).
Des médias allemands et américains s’en sont fait l’écho, permettant à l’auteur du pamphlet de s’exprimer lors de longs entretiens (lire celui du controversé Washington Times et celui du quotidien régional allemand Neue Osnabrücker Zeitung). Non seulement il y détaille ce qui, selon lui, ne va pas en Ukraine, mais il se pose aussi en recours, assurant qu’il présentera sa candidature à la prochaine élection présidentielle! Interrogé quant au fait – un rien handicapant – qu’il ne pourra pas y faire campagne physiquement, sous peine d’être directement emprisonné, Oleksandr Onyshchenko assure que ce ne sera pas un problème: “J’ai mon propre parti, le ‘5.10’, qui organise tout pour moi. […] Mon livre est déjà un succès en Ukraine. Bien qu’on ne le trouve pas là-bas dans les librairies, il se vend très bien sur internet.”
Des chevaux mais pas de passeport ukrainien pour ses cavaliers français

Depuis quelques mois, Pénélope Leprevost, ici en selle sur Gain Line, est devenue l’une des principales cavalières de l’Ukrainien.
© Scoopdyga
Depuis fin 2016, Oleksandr Onyshchenko s’est adjoint les services de deux cavaliers français. Après s’être vu confier notamment Chadino, Gain Line et Teavanta II C, Simon Delestre ne monte plus aujourd’hui que le premier nommé. De son côté, après la fin de son partenariat avec le haras de Clarbec de Geneviève et Dominique Mégret, Pénélope Leprevost s’est largement appuyée sur le soutien du milliardaire pour réamorcer son rapide retour au plus haut niveau, remportant cet été le Grand Prix du CSI 5* Longines d’Ascona avec… Gaine Line, récupéré quelques semaines plus tôt. Actuellement, la Normande peut aussi compter sur les prometteurs Quintair et Key To President. Leur propriétaire étant devenu persona non grata dans son propre pays, la règle selon laquelle un cavalier montant pour Oleksandr Onyshchenko devait adopter la nationalité ukrainienne n’a plus cours à l’heure actuelle. Qu’en sera-t-il si le magnat remporte son pari et accède au rang de chef de l’État? Réponse le 31 mars 2019, jour de son cinquantième anniversaire.
Oleksandr Onyshchenko avec Clinta, dont il fut autrefois le propriétaire