Hit-Air France lance le pari du recyclage
Initié en 2022, le recyclage des cartouches usagées des airbags Hit-Air a porté ses fruits! À l’origine de ce projet, la filiale française de la marque japonaise Hit-Air, leader européen de l’airbag pour cavalier, a évalué de nombreux paramètres pour mettre au point une récupération active des cartouches usagées de ses gilets. Si les cartouches de gaz ne peuvent malheureusement pas être réutilisées en tant que telles, leur réemploi comme matières premières est néanmoins générateur d’un bénéfice éco- logique important. Élodie Grandpierre, chargée de projet Hit-Air Recycle, présente cette initiative.
Le tri systématique des déchets n’est pas encore effectif dans l’intégralité des foyers français – au 1er janvier 2024, le tri des biodéchets à la source deviendra toutefois obligatoire. Le geste a-t-il perdu en popularité?
Nous sommes tous concernés par ce geste citoyen, mais il est vrai qu’il y a parfois une lassitude face au greenwashing (action commerciale visant à communiquer sur l’aspect écologique d’une entreprise alors qu’il est minime, voire inexistant, ndlr) ou, tout simplement, face au manque d’instructions claires et de points de collectes. Pourtant, trier ses déchets présente de multiples bénéfices: cela contribue à réduire la pollution des sols et des écosystèmes, à éviter l’extraction et la surexploitation des ressources naturelles se faisant rares, et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Quels sont les avantages d’un tri à la source, c’est-à-dire un point ne collectant que des cartouches usagées d’airbags Hit-Air?
Le tri à la source fait en sorte d’éviter que les bacs de déchets ménagers soient mélangés et permet d’assurer que les cartouches soient bel et bien acheminées dans des centres spécialisés. Lorsque celles-ci sont jetées dans d’autres poubelles, nous n’avons aucune visibilité sur ce qu’elles deviennent. Pour avancer un chiffre, Hit-Air distribue près de dix tonnes par an de cartouches de CO2 à usage unique, rien que sur le marché français. Ce sont plus de deux millions de cartouches écoulées sur le marché international en une vingtaine d’années, soit quatre cents tonnes environ, d’où l’importance d’agir à notre échelle. Pour nous assurer que la cartouche soit bien recyclée, nous disposons de documents réglementaires dûment complétés et signés par les différents intervenants tout au long du processus de collecte, d’acheminement et de transformation finale, dans le respect des normes en vigueur. Les sites sur lesquels arrivent nos cartouches disposent de l’appellation ICPE, c’est-à-dire “installations classées pour l’environnement”, et sont donc soumis à une réglementation stricte et contrôlée. Il faut absolument éviter que les cartouches finissent parmi les déchets non recyclables, bien souvent encore éliminés par enfouissement, avec les conséquences néfastes sur l’environnement qui s’ensuivent…
Quelle a été la démarche pour mettre en place le dispositif de recyclage Hit-Air Recycle?
Hit-Air Recycle fête sa première année d’existence, mais c’est un projet ayant été mûrement réfléchi et qui est dans nos esprits depuis plusieurs années. L’une des premières contraintes consistait à avoir un volume de consommables suffisamment important à recycler pour pouvoir être accompagnés par un organisme spécialisé. Nous avons effectué un long travail de recherche, de rencontres avec plusieurs prestataires et de renseignements auprès d’organismes comme l’Agence pour la transition écologique (ADEME) ou l’Observatoire régional des déchets (ORDIF), puisque les cartouches de CO2 sont considérées comme des déchets particuliers, qui ne sont pas traités de la même manière que des métaux classiques – elles doivent passer par une filière spécifique, celle des D3E, collectant également les piles et les petits électroménagers.
La question de la localisation des cartouches à collecter a également posé problème, car il fallait mailler le territoire français (et même hors des frontières), ce qui suggérait des difficultés logistiques que nous avons dues prendre en compte pour proposer une solution de proximité, avec un recyclage local. Le système est encore perfectible, mais il est avant tout opérationnel et c’est déjà une belle victoire et un pari réussi! Hit-Air Recycle demande un engagement économique de plusieurs dizaines de milliers d’euros et n’apporte aucun profit pour l’entreprise. C’est sans doute la principale raison expliquant plus généralement que les démarches écoresponsables soient trop souvent opposées aux modèles financiers et comptables.
Peut-on en mesurer les bénéfices en termes d’empreinte carbone?
Hit-Air Recycle avance un impact positif sur les émissions de gaz à effet de serre. Plus concrètement, une seule collecte de cartouches auprès d’un revendeur Hit-Air Recycle revient à éviter des émissions de gaz à effet de serre de plus de 63 kg équivalents en CO2, soit autant que pour fabriquer dix tee-shirts en coton, ou parcourir 26 695 km en TGV. L’impact est démultiplié sur une année si chaque cavalier ramène ses cartouches usagées en point de collecte. À titre d’exemple, sur les six derniers mois, 250 kg de cartouches ont été acheminés dans nos centres de recyclage pour être transformés. C’est autant d’émissions que 13,5 jours de chauffage au gaz en continu ou que pour un trajet aérien de 1 100 km, pour donner d’autres indicateurs. C’est une belle performance lorsque l’on sait qu’une cartouche vide pèse aux alentours de 100 g!
Comment ce processus a-t-il été accueilli par les clients et les selleries partenaires ?
Le nombre de cartouches collectées ne cesse d’augmenter, ce qui est encourageant! Les clients ancrent de plus en plus cette nouvelle habitude et cela contribue à sa pérennisation. Pour donner un petit coup de pouce, nous avons mis en place un dispositif de remise immédiate sur le prix de la prochaine cartouche lors de chaque dépôt. C’est davantage un bonus, car l’on sent que l’implication de nos clients et de notre communauté repose avant tout sur un profond geste citoyen. Il y a encore quelques régions en France n’ayant pas de selleries partenaires à proximité; notre engagement pour cette année est donc de rendre accessibles les points de collecte au plus grand nombre.
Nous tenons aussi à remercier les selleries partenaires pour leur engagement à nos côtés. Elles ont fait preuve d’un réel enthousiasme et ont été les porte-parole de notre message auprès de leurs clients. Entre l’accueil chaleureux à l’annonce de cette démarche responsable et les demandes spontanées pour prendre part au dispositif, nous avons tout de suite senti que les enjeux écologiques faisaient partie de leur préoccupation et que les selleries avaient à cœur de contribuer positivement dans ce sens.
Enfin, nous avons également pu compter sur le soutien du centre équestre la Société d’Équitation de Paris (comptant plus de mille cinq cents adhérents, ndlr), avec lequel nous avons l’objectif commun d’engagement environnemental et de développement durable. Ce dernier répond en effet au label de management environnemental EnVol, engageant à diminuer les impacts environnementaux de l’entreprise avec une analyse profonde de toutes les activités et des cycles de vie de tous les produits et services utilisés et/ou fournis. La marque a également mis en place un système d’approvisionnement à la demande afin d’éviter toute surproduction. Ce projet marque le début d’une longue série!