La FEI va remodeler son système d’invitation en CSI… qui ne s’appliquera pas à la Global Champions League
Face aux difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de son système d’invitation en CSI, lequel est supposé clarifier les règles du jeu et lutter contre la prolifération des pay-cards, la Fédération équestre internationale va se remettre au travail. Afin de fluidifier les processus d’attribution des places en CSI 5, 4, 3 et 2*, enjeu crucial pour les organisateurs et propriétaires comme pour eux, les cavaliers devront désormais effectuer et prioriser leurs demandes sur une nouvelle plateforme en ligne. S’il a salué le travail des techniciens de la FEI lors de l’assemblée générale de l’IJRC, vendredi matin à Genève, Steve Guerdat a encore déploré que les circuits privés puissent appliquer leurs propres règles…

© GRANDPRIX
Si le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC) a toujours lutté contre la gangrène des pay-cards, ces sur-engagements pouvant aller jusqu’à 25000 euros par cavalier en CSI 5*, qui permettent à de nombreux organisateurs de boucler leurs budgets mais faussent le jeu en privant les méritants moins fortunés d’opportunités de se mesurer à l’élite, ses membres restent très attentifs à la mise en œuvre du nouveau système. Du reste, tous les prototypes présentés lors des dernières assemblées générales du Club ou des Forums des sports de la FEI n’avaient jamais vraiment convaincu les cavaliers, pas plus que les organisateurs, y compris les plus vertueux. À titre d’exemple, ceux du CHI de Genève, qui s’est tenu ce week-end, ont dû inviter sur leur quota de 20% l’Allemande Simone Blum, sacrée championne du monde en septembre à Tryon avec DSP Alice… Même si cette cavalière, qui ne compte qu’un cheval de Grands Pris, n’était que quatre-vingt-septième au classement mondial d’octobre – celui pris en compte pour allouer 60% des places à Genève – tout ne tourne pas rond et il y a vraisemblablement des ajustements à trouver.
Un nouveau système fondé sur des demandes de participation

Victoria Rydborn et Jérôme Bégey, salariés de la FEI, ont effectué une présentation très intéressante et détaillée.
© Fabio Petroni/IJRC
Face à ces difficultés, la FEI a décidé de repousser l’entrée en vigueur de son système d’invitation d’un an, au 1er janvier 2020, afin de se donner le temps de remodeler intégralement sa plateforme informatique et de procéder à de nouveaux tests. Désormais, un peu comme en France, les cavaliers devront émettre des demandes de participation aux concours qui les intéressent, à compter de huit semaines avant le week-end concerné. Ils pourront naturellement en choisir plusieurs programmés aux mêmes dates, en définissant un ordre de priorités, et librement modifier leurs vœux jusqu’à une date limite définie par le système. La FEI avait envisagé de clôturer cette phase trois semaines avant la tenue de l’événement, mais certains cavaliers estiment que ce délai est trop court pour pouvoir s’organiser sereinement, notamment lorsque les trajets sont longs, compliqués ou qu’ils nécessitent des périodes de quarantaine pour les chevaux.
De plus, il leur faudrait attendre une semaine supplémentaire avant l’attribution définitive de ces invitations en vertu du classement mondial. En effet, dans la mesure où les fédérations nationales conservent le pouvoir de valider ou non les demandes effectuées par leurs cavaliers, la FEI a prévu de leur laisser un laps de délibération leur permettant également d’effectuer leurs sélections en CSIO ou CSI-W. Les délais pourraient donc encore être ajustés, et adaptés au cas par cas pour des concours tels que ceux de Hong Kong et Calgary, mais ce principe devrait bien être testé durant plusieurs semaines en 2019.
“Tous les organisateurs devraient être soumis aux mêmes règles”, Steve Guerdat

Face aux critiques de Steve Guerdat, John Roche, directeur du jumping à la FEI, n'a pu répondre grand-chose dans la mesure où l'inéquitable situation actuelle est le fait de décisions politiques prises directement par le président Ingmar de Vos.
© Fabio Petroni/IJRC
Face à cette charge, John Roche, directeur du jumping à la FEI, n’a pu que rappeler que les règles spécifiques du LGCT/GCL, où la majorité des participants sont issus d’écuries dont les propriétaires doivent annuellement s’acquitter d’un droit d’entrée de 2 millions d’euros, lequel pourrait d’ailleurs augmenter en 2019, ont été validées par la FEI dans le cadre d’un protocole d’accord signé début 2016… Bref, un dialogue de sourds qui dure depuis bien trop longtemps et une situation inéquitable qui endommage chaque année un peu plus le fragile écosystème du saut d’obstacles mondialisé.