Roger-Yves Bost s’offre le Grand Prix 4* de Saint-Lô pour ses soixante ans!

Cinq jours après avoir fêté ses soixante ans, pour lesquels il eut même droit à une standing ovation jeudi soir à l’issue d’une victoire dans la première épreuve majeure du week-end avec Ballerine du Vilpion, Roger-Yves Bost a été décoré d’un nouveau flot cet après-midi. Associé à Delph de Denat*HDC, qui n’avait pas disputé de concours indoor depuis un petit temps, le Barbizonnais a déroulé le meilleur des barrages. Le jeune sexagénaire a supplanté le Britannique Robert Whitaker sur son expérimenté Vermento, et le Normand Julien Épaillard avec Donatello d’Auge.



Lauréat de la première épreuve majeure du week-end au Jumping international de Saint-Lô aux rênes de Ballerine du Vilpion, Roger-Yves Bost s’était déjà offert un beau cadeau pour ses soixante ans, dont il a soufflé les bougies le 21 octobre aux côtés de sa famille et de Claude Lebon, son groom depuis près de vingt-huit ans. Mais celui qu’on surnomme Bosty n’a jamais caché sur gourmandise… et une (très belle) épreuve à 1,50m ne l’avait clairement pas rassasié! Alors, aujourd’hui, le multimédaillé tricolore a tout donné pour finir en haut du classement de l’épreuve phare aux couleurs du département de la Manche – qu’il avait d’ailleurs déjà remportée en 2014 et 2015 avec Qoud’Cœur de la Loge puis Quartz de la Lande. 

Élancé cette fois sur Delph de Denat*HDC, qui n’avait pas concouru en indoor depuis près de deux ans – ce qu’il n’a pas du tout laissé paraître -, il a d’abord signé une première manche sans faute sur le parcours construit par Grégory Bodo. Puis, partis huitièmes d’un barrage qui a réuni dix couples, le Barbizonnais et son étalon de douze ans ont mis les gaz dès le début. Malgré quelques acrobaties, dont seul Bosty a le secret, le duo a franchi la ligne d’arrivée sans encombre en 41’’47. Seul Cédric Hurel, parti en trombes, aura réussi à abaisser ce chronomètre, mais il n’a pu empêcher Fantasio Floreval de faire tomber deux des trois derniers obstacles, finissant septièmes. “Le concours avait mal commencé et tout allait de travers à mon arrivée, mais j’ai gagné dès le jeudi et on a célébré mon anniversaire”, a notamment déclaré le héros du jour (dont la réaction complète est à retrouver ici), à qui Robert Whitaker ne s’est d’ailleurs pas privé de lancer une petite blague sur son grand âge! “Il devrait aller moins vite, maintenant qu’il est plus vieux”, a-t-il osé dire, sur le ton de l’humour évidemment!



Robert Whitaker et Julien Épaillard relégués aux deuxième et troisième places

Robert Whitaker et Vermento.

Robert Whitaker et Vermento.

© Pixels Events

Pour cause, Robert Whitaker, âgé lui de quarante-deux ans, pensait peut-être s’emparer du trophée en jouant la carte de la “jeunesse”. Figurant parmi les favoris au regard du palmarès qu’il s’est déjà constitué avec Vermento, le Britannique avait bouclé un superbe sans-faute au tour initial et présentait de bonnes chances de victoire après un magnifique barrage bouclé en 41’’60. Le cavalier a notamment gagné de précieuses secondes en dessinant un splendide virage pour sauter l’antépénultième obstacle, un vertical sur lequel auront notamment fauté Bilal Zaryouh, ouvreur du barrage et titulaire d’une admirable quatrième place avec Grabuge, et Pénélope Leprevost, signataire d’un bon Grand Prix avec Ehning Flamingo et cinquième. 

Enfin, le podium a été conclu par quelqu’un qui a plutôt l’habitude de le dominer… Eh oui, Julien Épaillard, vainqueur de ce Grand Prix manchois trois fois d’affilée en 2020, 2021 et 2022 (et avec trois chevaux différents!), a terminé troisième aujourd’hui. Il faut dire que le premier parcours qu’il a déroulé avec son fidèle Donatello d’Auge a donné quelques sueurs froides aux spectateurs qui débordaient des tribunes. Le Normand, fier représentant du pays d’Auge, a dû faire appel à toute la finesse de son équitation pour sortir du tour initial sans faute. Au barrage, le couple vainqueur de la finale de la Coupe du monde Longines semblait bien plus à l’aise, mais il a hélas failli dès le début du parcours en laissant tomber un vertical… Nul doute qu’il essayera de se rattraper à Lyon la semaine prochaine.



Un plateau de cavaliers étrangers moins fourni que les années précédentes…

Paolo Paini et Casal Dorato.

Paolo Paini et Casal Dorato.

© Pixels Events

Suivant les derniers cités sur la feuille de résultats, Paolo Paini a pris une bonne sixième place avec Casal Dorato, fautif à une reprise au barrage. L’Italien fut d’ailleurs l’un des deux seuls cavaliers étrangers à se qualifier pour la finale au chronomètre. Un état de fait qui s’explique en partie par le faible nombre de cavaliers non-Français engagés dans le CSI 4* de Saint-Lô, qui a hélas souffert cette année d'une très forte concurrence événementielle, s’étant retrouvé en face du CSI 4* de Liège (de retour après six ans d’absence), mais aussi du CSIO 3* de Vejer de la Frontera, du CSI 3* de Valencia et du CSI 2* d’Opglabbeek. “Il manquait peut-être un peu de concurrence, mais les autres cavaliers n’avaient qu’à être là; au moins j’ai gagné!”, sourit Roger-Yves Bost. 

De son côté, Jean-Claude Heurtaux, président de l’événement, ne cache pas sa déception et son mécontentement à l’égard de la Fédération équestre internationale (FEI), seule décisionnaire en matière de calendrier. “C’est le seul bémol de cette édition... Les stars étrangères de l’année dernière, notamment belges (dont Rik Hemeryck, tenant du titre, ndlr), sont restées dans leur pays pour concourir à domicile. Mais bon, la FEI autorise tout, y compris à ce que de gros concours aient lieu en face de son propre circuit (faisant notamment référence à la tenue simultanée du CSI 5*-W de Lyon, deuxième étape de la Coupe du monde Longines, et de la dernière étape du Longines Global Champions Tour à Riyad, ndlr)… C’est frustrant et inquiétant économiquement pour nous.” 

Précisons que cela n’a toutefois pas empêché les passionnés de chevaux du bocage normand de faire le déplacement jusqu’au pôle hippique cette semaine, l’organisation ayant communiqué des records de fréquentation dès le jeudi. Preuve que ce concours, populaire à double titre, compte dans le calendrier de nombreux mordus d’équitation, de cheval et d’élevage de la région. Car là est sa force: le Jumping international de Saint-Lô n’est pas qu’un rendez-vous sportif, il est un rendez-vous annuel pour de nombreux acteurs du cheval. Ceux qui, bien souvent, oeuvrent dans l’ombre pour ce sport – cavaliers de jeunes chevaux, éleveurs, grooms, propriétaires, etc. –, et qui lui donnent cet ambiance quasi familiale. La preuve: Julien Épaillard, qui n’a jamais caché sa propension à choisir ses concours en fonction de leur dotation, a depuis très longtemps sanctuarisé ces dates dans son calendrier, alors qu'il aurait très bien pu décider de rester à Oliva, où il concourait encore la semaine dernière. Gageons que la FEI entende ces appels, qui ne concernent hélas pas que ce CSI 4*.



Dylan Levallois manque le sans-faute de peu!

Classé onzième, juste après Alix Ragot, Guillaume Batillat et Nicolas Layec, qui ont été les moins bons au barrage, Dylan Levallois a manqué de très peu de s’y qualifier! Le jeune Normand, qui a peut-être décroché sa plus belle victoire internationale hier soir, avait franchement déroulé un remarquable parcours avec la même Brasilia de l’Abbaye. Le couple a malheureusement renversé la première barre de l’oxer 10 en bout de course… Il en va de même pour Marc Dilasser et sa nouvelle jument de tête Make My Day*du Gèvres, qui ont seulement fauté sur un vertical surmonté d’une palanque mais ont affiché une belle forme. Eden Leprevost Blin-Lebreton a écopé de la même faute et du même score avec l’élégante Barbie de la Roque. 

Parmi les contre-performances à relever, on peut signaler le parcours à douze points de Laurent Goffinet, pourtant brillant vainqueur du Grand National de Saint-Lô la semaine dernière, l’abandon de Grégory Cottard et Gammelgaards Carola après un début de parcours pourtant prometteur, ou les vingt-sept points de Kevin Staut. Accompagné de Kannonqulan, le Normand semble embourbé dans une désagréable spirale puisqu’il a essuyé un refus de sa jument de neuf ans sur le vertical numéro 5… 

Les résultats



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