“Le plateau de notre CSI 5*-W sera à la hauteur de sa réputation ”, Sylvie Robert (2/2)

Dans quelques jours, Eurexpo accueillera l’un des événements phares de l’année équestre française et européenne : le salon Equita Lyon et son CHI Longines. D’année en année, le succès de ce rassemblement commercial et sportif ne se dément pas. En 2025, GL events Equestrian Sport s’attend à une affluence comparable à celle, record, de 2024, avec quasiment 200.000 spectateurs. Fidèle à ses engagements, Sylvie Robert, présidente de la société événementielle orchestrant également le Printemps des sports équestres à Fontainebleau et le Saut Hermès au Grand Palais, ne considère jamais rien comme acquis. Elle évoque ici les enjeux et temps forts de ce trente et unième Equita Lyon.



La première partie de cet entretien est à lire ici

Sportivement, le CSI 5*-W du CHI Longines d’Equita Lyon fait cette année face au CSI 5* de Monterrey, au Mexique, et surtout au CSI 5* de Riyad, dernière étape de la saison régulière du Longines Global Champions Tour (LGCT) et de la Global Champions League (GCL). Comment vivez-vous cette situation ?

Le sport s’est suffisamment développé à l’échelle mondiale pour que trois CSI 5* puissent se tenir le même week-end sur trois continents différents. La concurrence fait partie du jeu et ne me pose aucun problème… tant que les règles sont respectées, en premier lieu par la Fédération équestre internationale, qui les édicte.

Sauf Simon Delestre et Grégory Cottard, engagés en Arabie saoudite, et Nina Mallevaey et Julien Anquetin, partis en Amérique du Nord avec leurs chevaux, les meilleurs Français seront bien là…

Oui, et je m’en réjouis évidemment. Concernant Simon, il s’était engagé auprès de son responsable d’écurie de la GCL en début d’année, avant le changement de date du CSI 5* de Riyad. Il est navré de ne pas venir à Lyon, surtout que ses élèves seront bien là, mais il ne peut rompre son engagement, ce que je comprends. Concernant Nina, le public lyonnais aurait sûrement été ravi de la revoir et de la féliciter pour la saison exceptionnelle qu’elle a vécue, mais ses propriétaires et sponsors (la famille Rein, ndlr) sont canadiens, et il est naturel qu’elle ait regagné l’Amérique du Nord, où il y a de très beaux concours en automne et en hiver. Compte tenu de son programme, elle ne sera pas non plus présente au Saut Hermès au Grand Palais, mais elle sera bien au rendez-vous du Printemps des sports équestres, à Fontainebleau (où elle remettra en jeu le titre de championne de France qu’elle avait obtenu en avril avec Nikka van den Bisschop, ndlr). Bien entendu, Equita Lyon l’accueillera avec grand plaisir dès qu’elle le pourra.

Comment s’est opérée la sélection pour le grand tour, avec la FFE, et comment avez-vous distribué les invitations pour le petit tour ?

Concernant les cavaliers admis à disputer le Grand Prix Longines de vendredi soir, qualificatif pour la Coupe du monde Longines de dimanche, nous avons respecté les règles de la Coupe du monde et travaillé en parfaite collaboration avec la FFE, représentée par Sophie Dubourg (directrice technique nationale, ndlr) et Édouard Coupérie (sélectionneur national, ndlr). Dans un souci d’équité, nous nous sommes appuyés autant que possible sur le classement mondial Longines et sur le classement national Pro Élite, pour le CSI 2* comme pour le CSI 5*-W, pour lequel je réserve toujours des places à des cavaliers invités que nous soutenons. Quant aux dix cavaliers non concernés par les trois épreuves majeures, je suis ravie d’accueillir notamment Camille Condé Ferreira, Emma Bodier, Sara Brionne, Baptiste Eichner, Éden Leprevost Blin-Lebreton, Laura Rayjasse, Lalie Saclier, sans oublier notre vétéran Michel Robert.

Un retour au niveau 5* à soixante-seize ans, ce n’est pas rien !

C’est clair, et nous en sommes très heureux. Au-delà de notre affection pour Michel, il le mérite au regard de ses résultats (cet été, il a gagné un Grand Prix de niveau 3* au Pin-au-Haras avec Calasto, ndlr). Il est ravi à l’idée de se mesurer aux meilleurs mondiaux, et je suis certaine que le public le sera aussi.



“J’espère que tout sera mis en œuvre pour renforcer la Coupe du monde Longines”

Quid des étrangers? Quel est l’impact de la concurrence avec le CSI 5* de Riyad, où certains cavaliers sont contraints de se rendre en raison de leurs engagements vis-à-vis des propriétaires d’écuries de la GCL?

Comme Simon, plusieurs grands cavaliers s’étaient engagés là-bas avant le changement de date. Pour autant, le plateau de notre CSI 5*-W sera à la hauteur de sa réputation, avec la présence de stars telles que les Britanniques Ben Maher et Harry Charles, le Belge Grégory Wathelet, les Allemands Christian Ahlmann et Richard Vogel, qui défendra son titre dans le Grand Prix Coupe du monde Longines avec son fabuleux United Touch S, ou encore le Suisse Martin Fuchs, triple vainqueur de cette épreuve. Sans oublier nos Français : Julien Épaillard et Kevin Staut, respectivement vainqueur et troisième de la finale Longines de la Coupe du monde au printemps, Olivier Perreau, médaille de bronze par équipes aux Jeux de Paris l’an passé, Jeanne Sadran et Antoine Ermann, qui brillent désormais en équipe de France, et Mégane Moissonnier.

En saut d’obstacles comme en dressage, les championnats du monde d’Aix-la-Chapelle font désormais figure de priorité pour les cavaliers et les fédérations nationales, d’autant qu’ils seront qualificatifs pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028, mais la Coupe du monde, dont la finale se déroulera l’an prochain aux États-Unis (à Fort Worth, au Texas, ndlr) reste un enjeu attractif.

Cette année, le CSI 5*-W d’Helsinki a été reprogrammé de l’automne à l’hiver, et celui d’Oslo a attiré très peu de grands cavaliers. Après la Ligue nord-américaine Longines, la Ligue d’Europe occidentale Longines semble souffrir à son retour de la concurrence. Cette situation suscite-t-elle des discussions avec la FEI et les organisateurs des autres étapes?

Il y a toujours plus de concours et de circuits attractifs, entre la Ligue des nations Longines (LLN), la Coupe du monde, le Grand Chelem Rolex, le Rolex Masters, le LGCT et la Major League Showjumping en Amérique du Nord. La Coupe du monde n’est plus protégée comme elle l’était par le passé. C’est une réalité avec laquelle il faut composer. Les grands cavaliers font leur possible pour être sur tous les fronts, mais leurs chevaux ne peuvent pas concourir toutes les semaines. La FEI ne peut empêcher cette concurrence. En revanche, elle pourrait déjà rationaliser les calendriers de ses propres séries, en évitant de mettre en concurrence la LLN et la Coupe du monde (l’an prochain encore, le CSIO 5* d’Abou Dabi est programmé entre les CSI 5*-W de Bordeaux et Göteborg, ndlr), afin de ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis.

Je nourris de très bonnes relations avec la FEI et les autres organisateurs, dont ceux de Göteborg et Helsinki, où je me suis rendue à plusieurs reprises. Le CSI 5*-W d’Helsinki va désormais se tenir dans un lieu plus grand, un parc des expositions, où il devrait pouvoir continuer à se développer. Au sein de la FEI, certains interlocuteurs ont changé, et Ingmar de Vos quittera la présidence fin 2026. J’espère que tout sera mis en œuvre pour renforcer la Coupe du monde parce que c’est une magnifique compétition, que le public adore.

Quant à nous, nous nous attachons à accueillir dans les meilleures conditions possibles les chevaux, les cavaliers et leur entourage, et de leur proposer des épreuves attractives et bien dotées, ce qui porte ses fruits jusqu’à présent.



“Nous sommes très heureux de pouvoir accueillir Justin Verboomen et Zonik Plus”

Quid du CAI-W et du CDI-W, auquel participera le Belge Justin Verboomen et Zonik Plus, nouveau couple star du dressage?

Nous sommes très heureux de pouvoir accueillir Justin Verboomen et Zonik Plus, qui ont été sacrés champions d’Europe cet été à Crozet, en Auvergne-Rhône-Alpes, après avoir brillé au CDIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Voir ce cheval danser de cette manière est une expérience géniale, que nous sommes fiers d’offrir au public lyonnais. L’absence d’Isabell Werth nous attriste, d’autant qu’elle se montre toujours ravie de venir à Equita, mais elle traverse une période difficile (avec le récent décès de son époux, Wolfgang Urban, ndlr) et je tiens à lui témoigner toute ma sympathie. J’espère l’accueillir au printemps prochain à Fontainebleau. En revanche, je me réjouis de la présence de la Britannique Becky Moody, quatrième au classement mondial, de la Polonaise Sandra Sysojeva, dixième, et de la Belge Larissa Pauluis, quatorzième, fidèle à notre concours. La France sera représentée par deux cavaliers, Pauline Basquin et Alexandre Ayache, membres de l’Equipe de France. Nous aurions pu en espérer d’autres, mais certains chevaux sur lesquels la FFE mise pour les Mondiaux d’Aix-la-Chapelle ont repris le travail avec ces mêmes Mondiaux comme objectif majeur. Là aussi, nous œuvrons en parfaite intelligence avec Sophie Dubourg, Laurent Gallice (directeur technique national adjoint en charge du dressage, ndlr) et Jean Morel (sélectionneur national, ndlr). Nous espérons tous que la France pourra présenter la meilleure équipe possible au CDIO 5* de France, qui se tiendra pour la première fois dans le cadre du Printemps des sports équestres.

J’aurais aussi aimé pouvoir accueillir à Lyon Morgan Barbançon et ainsi lui faire un “petit clin d’œil” pour son grand retour (qui vient de terminer sa suspension pour manquements aux obligations de géolocalisation incombant aux athlètes de haut niveau en matière de dopage humain, ndlr), mais elle a choisi d’autres options (le CDI-W de Motešice, prévu une semaine plus tard en Slovaquie, ndlr) avec son cheval de tête (Sir Donnerhall II, ndlr). Je respecte pleinement son choix, et lui souhaite une bonne rentrée en concours.

Concernant l’étape de la Coupe du monde FEI d’attelage, la participation résulte en grande partie d’un tirage au sort, et je dois dire que nous avons été gâtés. Je suis heureuse d’accueillir l’Australien Boyd Exell, le plus titré de tous les meneurs, le Néerlandais IJsbrand Chardon, autre immense champion, le Belge Dries Degrieck, l’Allemande Anna Mareike Meier, notre voisin suisse Jérôme Voutaz et bien entendu Benjamin Aillaud, que nous apprécions beaucoup et qui défendra fièrement les couleurs de la Laiterie de Montaigu.

Y a-t-il des changements ou évolutions à noter quant au programme des épreuves sportives et d’élevage?

Non, pas vraiment. Nous veillons surtout à préserver les équilibres et accueillir autant de cavaliers que possible. Outre les épreuves internationales, je suis très attachée à notre étape du Grand National FFE/AC Print. Elle offre des dotations comparables à celles de notre CSI 2* et des épreuves programmées sur la carrière internationale et conçues par Grégory Bodo, le chef de piste de notre CSI 5*-W. Avec ce Grand Prix à 1,50m, il y a du beau sport en accès libre pour le public dès le jeudi. Pour le reste, en termes de programmation, nous sommes limités par les horaires, mais nous faisons vraiment de notre mieux en tenant compte des règlements et de tous les paramètres, à commencer par le bien-être des chevaux.

L’an prochain, GL events Equestrian Sport déploiera le Printemps des sports équestres sur deux semaines au stade équestre du Grand Parquet de Fontainebleau, avec l’ajout à son programme du CDIO 5* de France et de nombreux autres labels de dressage. Au-delà de la volonté manifeste de soutenir cette discipline, y a-t-il un modèle économique profitable pour les grands concours de dressage en France, et plus généralement en dehors des grandes nations que sont l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas?

Tout d’abord, je tiens à remercier la FFE, qui nous a récemment attribué l’organisation de ce CDIO 5*. C’est un grand honneur, d’autant qu’il n’y en a que deux autres dans le monde, à Rotterdam et Aix-la-Chapelle. Cet Officiel de France a été organisé dans d’excellentes conditions à Compiègne de 2016 à 2025, et je veux saluer le travail mené par Monique Marini et l’association Compiègne équestre. Lorsque nous avons appris que les Internationaux de dressage de Compiègne n’auraient pas lieu en 2026, nous avons fait part de notre volonté d’accueillir le CDIO 5* à Fontainebleau, dans le cadre du Printemps des sports équestres, où nous proposions déjà un CDI 5*. Comme celui-ci se tenait la même semaine que le très important CDI 4* de Hagen (et que le CDI 4* de Gössendorf, en Autriche, ndlr), et que le CDIO 5* de Compiègne avait face à lui le CDI 4* de Mannheim, autre rendez-vous majeur en Allemagne, nous avons décidé de programmer notre semaine de dressage du 15 au 19 avril. À ce titre, je remercie notre président de jury, Raphaël Saleh, pour son aide. Nous avons ajouté au programme des CDI 3*, 1*, U25, Jeunes Cavaliers, Juniors, Poneys, Enfants et Jeunes Chevaux afin de réunir un maximum de cavaliers et de chevaux. Par ailleurs, nous avons maintenu les CPEDI 3* et 2*, qui nous tiennent à cœur, parce qu’ils offrent de beaux moments de sport et de complicité et que nous souhaitons mettre en valeur les para-dresseurs. La discipline du dressage sera représentée dans sa globalité depuis les Poneys jusqu’au CDIO 5* en passant par les Jeunes Chevaux.

Effectivement, la seconde semaine sera intégralement dédiée au saut d’obstacles avec le Master Pro FFE et des CSI 5*, 2*, 1*, Amateurs, Poneys et Jeunes Chevaux. En jumping comme en dressage et para-dressage, nous souhaitons que le Printemps des sports équestres soit un rendez-vous majeur sur la route des championnats du monde d’Aix-la-Chapelle. D’ailleurs, je suis ravie à l’idée de retrouver un site pleinement fonctionnel, avec un Terrain d’Honneur en herbe magnifiquement rénové.

D’un point de vue économique, étendre l’événement sur deux semaines permet d’amortir le coût de toutes les structures temporaires, dont les tribunes couvertes, mais aussi de mieux valoriser nos sponsors et partenaires, dont ceux qui soutiennent les épreuves de dressage. Quant au public, je suis persuadée qu’il répondra présent, et nous allons tout faire pour réunir à Fontainebleau toute la communauté du dressage.

Toutes les épreuves du CHI Longines d’Equita Lyon, ainsi que ses épreuves nationales de saut d’obstacles, seront retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv, sauf les épreuves comptant pour les Coupes du monde, à suivre en direct sur ClipMyHorse.tv



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