Le cross rebat les cartes dans le Mondial des six ans au Lion-d’Angers

Ce matin, au Mondial du Lion-d’Angers, s’est tenue l’épreuve de cross du championnat du monde de concours complet des chevaux de six ans. Au terme de ce test, le podium provisoire a été largement remodelé, en raison, notamment, de la chute de l’Allemande Julia Krajewski, qui tenait la tête de l’épreuve. La Belge Lara de Liedekerke-Meier a ainsi pris les commandes du championnat avec Tara Van Het Leliehof, devant la Britannique Melissa Joannides et Graf Leopold. Le Français Thomas Carlile et Juste Unetoile ont, quant à eux, mis le pied sur sa troisième marche, en attendant le dénouement demain.



C’est sous un soleil automnal et un ciel bas que quarante-trois chevaux de six ans se sont élancés ce matin au Lion-d’Angers sur le parcours de cross du championnat du monde de leur génération. Le parcours, concocté par le chef de piste français Pierre Michelet, leur réservait 4 405 mètres d’effort et trente-et-un saut, le tout à réaliser en 8’29. En pratique, les incidents ont été assez peu nombreux, le parcours se voulant en premier lieu éducatif pour de jeunes montures pas encore habituées aux concours de cette ampleur, et encore moins, à la présence d’un public très nombreux sur le site.



Un podium provisoire chamboulé

Si l’épreuve a globalement été émaillée de peu d’incidents, sa fin a été marquée par un imprévu, et non des moindres : la chute de l’Allemande Julia Krajewski du dos d’Ajana (DSP, Karajan x C-Trenton Z). Le couple, premier au provisoire, avait pourtant déroulé un parcours parfait jusqu’à la combinaison numéro dix-neuf. À trois obstacles de la fin, la jument a opéré une mauvaise réception sur le deuxième élément et légèrement glissé, et sa cavalière s’est retrouvée au sol. Plus de peur que de mal heureusement, mais une élimination surprise qui profite à Lara de Liedekerke-Meier et sa formidable jument noire Tara Van Het Leliehof (BWP, Pegase Vant’ Ruytershof).
À l’issue du dressage, la Belge aux vingt victoires internationales cette année s’était montrée confiante quant aux capacités de sa partenaire, qu’elle ne monte pourtant que depuis cinq mois. Et ses espoirs ont été confirmés en piste. “Cela s’est très bien passé, à ceci près qu’elle m’a volé une foulée sur la combinaison numéro cinq. J’étais arrivée dans une allure raisonnable et dans un tracé parfait. Mais elle a du caractère et n’en a rien à faire de ce que je pense : elle a donc pris sa propre décision. Elle a vraiment tout d’une grande quand même car elle assume ses choix. Et elle s’est promenée au niveau du chronomètre.  En fait, elle est sur des rails, mais je dois gérer sa puissance. Parfois, elle a un peu trop de force, et elle est encore très naïve, n’anticipant pas toujours ce qui va arriver. J’appréhendais le contrebas du deuxième gué, mais elle l’a très bien fait. Elle est très maligne, mais je ne la connais pas encore assez. Nous sommes vraiment un couple en formation et j’ai besoin de pouvoir anticiper davantage ses réactions. Pour demain, je ne veux pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il y aura deux épreuves, toutes aussi importantes l’une que l’autre. C’est une super sauteuse mais reste la question de sa récupération. Et il me faudra être présente pour composer avec elle sur l’hippique. En tous cas, elle me fait vibrer”.
La Britannique Melissa Joannides profite également des déboires de l’Allemande pour remonter à la deuxième place provisoire avec Graf Leopold (SHGBH, Birkhof’s Grafenstolz x Autumn Snowman). “C’est la première fois que je viens ici, et je n’avais pas anticipé la foule et sa proximité avec la piste. Mon cheval a semblé très content de lui-même sous les applaudissements, finalement. Au début, je suis partie tranquillement en essayant de le protéger, mais il m’a demandé de le laisser faire son travail, et c’est ce que j’ai fait. À la fin du parcours, je lui ai demandé d’accélérer un peu afin que nous rentrions dans le temps et il a parfaitement répondu à ma demande. C’était super”.



Thomas Carlile grimpe de deux rangs

Sous la selle de Thomas Carlile, Juste Unetoile occupe désormais la troisième place du classement provisoire.

Sous la selle de Thomas Carlile, Juste Unetoile occupe désormais la troisième place du classement provisoire.

© PSV

La satisfaction était de mise du côté de Thomas Carlile et Juste Unetoile (SF, Upsilon x Quaprice Bois Margot), qu’il découvrait pourtant presque entièrement. Et pour cause, le couple n’a été formé qu’avant les championnats de France de Pompadour, en septembre, lorsque Eddy Sans, blessé, a confié les rênes de la première jument qu’il a faite naître au talentueux pilote. Au total, Thomas reconnaît ne l’avoir monté qu’une douzaine de fois avant de l’emmener au Lion, ce qui rehausse bien entendu la performance du duo. “Monter une jument pareille est très agréable. Le parcours était splendide, le public, super. Elle est rentrée très prudemment dans le premier gué et je lui ai mis un peu de pression, d’où un passage qui n’était pas très réussi. Il s’est passé la même chose sur le deuxième gué, mais la pression l’a plus crispée qu’autre chose.  Il est vrai que, comme je ne la connais pas, j’ai fait du mieux que je pouvais. Donc, j’emmagasine ces informations, et si j’ai la chance de la remonter à l’avenir, j’ajusterai le tir. Lara est dans une forme inouïe, de sorte que demain, nous allons nous concentrer sur le fait de réaliser un bon parcours. Et l’on verra le résultat final”. “Tom a monté la jument à la perfection, mais ce n’est pas une surprise”, ajoute Eddy Sans, dont l’épouse est la propriétaire de Juste Unetoile, et qui s’en occupe depuis son jeune âge. “Étant le seul à la monter depuis qu’elle a quatre ans, je sais qui elle est. Mais il est très plaisant d’avoir l’analyse d’un autre professionnel et de voir sa jument éclabousser l’épreuve de sa classe. C’est la première jument que nous faisons naître à l’élevage : les autres ont donc intérêt à bien se tenir, derrière ! (Rires)”.
Cinquième après le dressage, le couple français remonte à la troisième place du classement provisoire. Ceci, grâce à la rétrogradation de la marocaine Noor Slaoui, pénalisée par un refus sur l’un des juges de paix du parcours : le troisième élément de la combinaison du deuxième gué. “Je n’avais pas du tout ciblé cet obstacle, contrairement à ma coach, sachant que le cheval a pas mal d’expérience. Si j’avais su, je l’aurais monté un peu différemment. Je pense que nous avons subi le changement de lumière (la combinaison est en partie dans l’ombre et en partie dans la lumière, ndlr) qui fait que les chevaux se reculent sur ce contrebas dans l’eau. Comme j’ai déjà fait plusieurs fois le Mondial du Lion et que mes autres chevaux ne se sont jamais posé de questions dans cette zone, je n’ai pas anticipé. À charge de revanche pour l’année prochaine ! Ce sont de jeunes chevaux qui apprennent et avec qui l’on apprend. Bien sûr, c’est un peu décevant vu notre position après le dressage, mais ça fait partie du jeu. Et ça n’enlève rien à la qualité de ce cheval dont mon associée Dorothée, et moi, sommes propriétaires depuis qu’il a trois ans. C’est un super cheval, avec un super cœur. C’est un bon sauteur, qui dresse bien. Je suis très excitée de ce qui s’annonce ! J’aimerais déjà revenir avec lui l’an prochain et voir par la suite, mais une étape après l’autre”.
À la veille de l’hippique, la quatrième place est occupée par l’Irlandais Ian Cassells et Rutland Flamenco (ISH, Casallco x Je T’aime Flamenco), et la cinquième par la Britannique Storm Straker et Abydos (DSP, Askari 173 x Diarano). Les quatre premiers concurrents se tiennent en moins d’une barre.



De belles prestations des autres Français

Après son parcours, qui l’a remontée de la vingt-sept à la vingt-troisième place, Julie Simonet s’est montré ravie de Jupiter d’Orchis (SF, Vleut*GFE x Landor S), qui a bouclé son parcours avec 2,4 points pour temps dépassé. “Mon parcours s’est très bien passé et je suis très contente du cheval, qui s’est vraiment bien comporté. Il peut être un peu dans l’émotion, et cela a été le cas au début. Ne le sentant pas très allant, j’ai préféré prendre le temps au début, afin qu’il soit à l’aise, tout en finissant bien et vite. Je n’avais pas envie de le brusquer et de lui donner une mauvaise expérience. D’où les quelques secondes de temps dépassé. Mais le contrat est rempli. Il appartient à la famille et le but va être de le garder au moins pour faire la saison des sept ans l’an prochain, et plus si ça va”. Dernières concurrentes à prendre le départ, Morgane Euriat et Jolie Môme d’Argonne (SF, Kapitol d’Argonne x Birkhof’s Grafenstolz) sont quant à elles rentrées avec un score vierge de toute pénalité. Elles sont ce soir vingt-quatrièmes au provisoire. Parmi les faits notables de ce cross, on relèvera la chute de la Néerlandais Nina de Haas, montant The Mail Lady (AES, Jaguar Mail x Millthyme Cappuccino). Si la cavalière a été conduite à l’hôpital d’Angers pour y réaliser des examens, sa monture n’a subi aucun dommage. L’épreuve a par ailleurs été arrêtée une quinzaine de minutes, le temps de réparer l’obstacle numéro deux, endommagé par la chute du couple. 

Demain la seconde inspection vétérinaire se tiendra à neuf heures et l’hippique à onze heures.

Le résultats et le classement provisoire. 
Le parcours du cross.



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