“Aucun mot ne peut décrire ce que j’ai ressenti quand j’ai réussi le Grand Chelem”, Scott Brash

Vainqueur du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles en 2015 à Calgary, Scott Brash fête cette année les dix ans de cet exploit toujours inégalé. À l’origine composé de trois Majeurs 5*, le CHIO d’Aix-la-Chapelle en juillet, le CSIO Calgary en septembre puis le CHI de Genève en décembre, le circuit a intégré en 2018 le Dutch Masters de Bois-le-Duc afin de créer une quatrième étape en avril. Unique cavalier à pouvoir se targuer d’une telle réussite, qui plus est avec le même cheval, Hello Sanctos van het Gravenhof, le Britannique de trente-neuf ans, qui concourt cette semaine à Calgary, revient sur son expérience.



Cette année symbolise le dixième anniversaire de votre victoire historique dans le Grand Chelem Rolex, et vous restez à ce jour le seul cavalier à l’avoir remporté. Qu’est-ce que cela vous fait de revenir sur un tel exploit? 

Je pense qu’aucun mot ne peut décrire ce que j’ai ressenti en remportant le Grand Chelem. Même après dix ans, cela me parait irréel. Je me souviens avoir ressenti une multitude d’émotions: la joie, le soulagement, le bonheur, et même une certaine tristesse, car c’était un objectif que nous poursuivions sans relâche, et nous avions enfin atteint notre but… soudainement ce chapitre était clos! C’était absolument incroyable, et un moment unique que je garderai en mémoire toute ma vie. Au début de ce circuit, je ne pensais pas qu’il était possible pour moi de gagner. Chaque Majeur Rolex réunit les meilleurs duos au monde sur des parcours techniques, n’importe lequel d’entre eux peut l’emporter. J’ai toujours su combien il est difficile de remporter un seul Majeur, alors le Grand Chelem entier… Si l’on m’avait dit que je gagnerais successivement trois Majeurs, et tout cela avec le même cheval, Hello Sanctos van het Gravenhof (sBs, Quasimodo van de Molendreef x Nabab de Rêve), je n’y aurais pas cru. 

Comment la victoire dans le Grand Chelem Rolex a-t-elle influencé votre carrière? 

Gagner le Grand Chelem a été un moment décisif dans ma carrière, qui a élargi ma notoriété au-delà du monde équestre. Tout comme les Jeux olympiques, le Grand Chelem place les cavaliers sur le devant de la scène mondiale et apporte une reconnaissance bien plus large à notre sport. 

Votre regard sur cette performance a-t-il évolué au fil des années? 

Absolument! Remporter le Grand Chelem était incroyable. Mais au départ, je ne réalisais pas à quel point il était difficile d’avoir accompli cela avec un seul partenaire. Il est extrêmement rare qu’un même cheval s’impose à la fois en indoor (comme à Genève, ndlr) et dans les plus grandes pistes extérieures (à Aix-la-Chapelle et Calgary, ndlr). Ce que Sanctos a fait est tout simplement extraordinaire. En 2016, l’année suivante, j’ai aussi réalisé de bonnes performances avec Ursula XII (SHBGB, Ahorn x Papageno). Nous nous sommes classés deuxièmes à Aix-la-Chapelle, avant de remporter le Grand Prix de Calgary, puis de terminer troisièmes à Genève. Avec le recul, cela m’a permis d’apprécier d’avantage l’exploit que j’avais réalisé avec Sanctos. Chaque année, je retourne sur ces terrains avec d’autres chevaux, en espérant gagner ne serait-ce qu’un seul autre Majeur du Grand Chelem Rolex, ce qui est déjà un immense défi! 

Quelle a été votre approche pour chacun des trois Majeurs ? Lequel a été le plus difficile? 

Pour Genève, nous nous sommes préparés comme d’habitude, en visant les Majeurs Rolex comme objectifs de l’année. Quand nous avons gagné là-bas en 2014, c’était une belle manière de finir l’année, mais je ne m’attendais absolument pas à remporter les deux prochaines échéances. Aix-la-Chapelle fut le Grand Prix le plus difficile à monter. J’avais prévu d’emmener Ursula, car je savais que Sanctos n’était pas à l’aise sur cette grande piste en herbe. Il avait même été éliminé par le passé avec un autre cavalier. Mais Ursula s’est blessée, et j’ai dû prendre Sanctos. Nous avons alors établi un programme spécifique pour se préparer au mieux. Je l’ai travaillé dans des grandes carrières en herbe pour lui donner confiance sur ce genre de terrain. Même après cette préparation, je ne pensais pas encore au Grand Chelem. C’est seulement après la victoire d’Aix-la-Chapelle que mon état d’esprit a changé et que j’ai commencé à fixer mon objectif sur Calgary. Avec le recul, on dirait que chaque étape avait un sens et me guidait vers ce succès. 

Quelle importance a eu Hello Sanctos dans cet exploit?

Sanctos est le cheval de ma vie. Sa plus grande qualité était son intelligence, il voulait gagner et il savait comment faire. Malgré les difficultés à Aix-la-Chapelle, il a su surmonter ses peurs et a montré tout son talent. Je pense que le Grand Chelem pourra de nouveau être remporté, mais que cela arrive avec un seul et même cheval… il faut que tout s’aligne parfaitement et c’est extrêmement difficile. 

Quels ont été les jalons de votre carrière?

Tout a commencé très tôt. Mon père a initié ma sœur et moi à l’équitation mais lui n’était pas du tout issu de ce milieu. J’ai eu mon premier poney, puis j’ai trouvé mon premier cheval de haut niveau, Intertoy (Z, Interadel x Centauer) qui m’a permis de débuter les compétitions internationales. Le tournant décisif de ma carrière fut ma rencontre avec mes propriétaires, Lord et Lady Harris ainsi que Lord et Lady Kirkham, qui ont acheté Hello Sanctos en vue des Jeux olympiques. Si ces Jeux n’avaient pas eu lieu à Londres en 2012, cela ne se serait peut-être jamais produit. Un autre moment-clé fut ma décision d’emmener Sanctos à Aix-la-Chapelle en 2015 à la place d’Ursula. 

Que signifie le mot “accomplissement” pour vous?

C’est un sentiment de fierté lorsqu’on atteint un objectif, quand toute la préparation, le travail et l’esprit d’équipe aboutissent. La réussite ne se résume pas à la victoire, elle englobe aussi le progrès et l’épanouissement personnel. Par exemple, disputer un Grand Prix 5* avec un jeune cheval, même avec des fautes, peut-être une réussite si cela marque une étape importante dans son évolution. C’est repousser les limites, et être fier du chemin autant que du résultat. 

Avez-vous encore un objectif personnel à atteindre?

Oui, je voudrais remporter de nouveau le Grand Chelem Rolex. Cela peut paraître étrange, parce que j’ai déjà réussi ce défi, mais j’ai toujours la même faim, la même envie de le réussir à nouveau.

Toutes les épreuves du CSIO 5* de Calgary seront à suivre en direct sur ClipMyHorse.tv



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