“Sans Spruce Meadows, notre sport ne se porterait pas aussi bien aujourd’hui”, Mario Deslauriers

À l’adolescence, Mario Deslauriers a découvert Spruce Meadows. Depuis, le cavalier olympique n’a cessé de s’y rendre, et se porte témoin de l’évolution d’un site canadien mythique, qui a forgé la discipline du saut d’obstacles outre-Atlantique.



Quel est votre plus ancien souvenir de Spruce Meadows?

J'ai découvert Spruce Meadows en 1977, à douze ans... et j’en ai soixante aujourd’hui, donc cela remonte à quarante-huit ans. À cette époque, au Canada, nous avions des équipes par province: Alberta, Québec et même la Colombie-Britannique. J’y étais allé pour une compétition de Juniors par équipes, et j’avais dès le début été émerveillé par la beauté de Spruce Meadows. Je me souviens que nous étions à l’automne, et je connaissais Linda Southern-Heathcott (présidente et directrice de Spruce Meadows, ndlr), parce qu’elle était venue concourir avec nous dans la région de Toronto. C’était un moment très privilégié pour moi de pouvoir regarder des cavaliers tels que David Broome et Harvey Smith, venus du Royaume-Uni. Michael et John Whitaker étaient de jeunes cavaliers d’une vingtaine d’années à l’époque, tout comme Ian Millar (qui est tout de même huit ans plus âgé que l’aîné des Whitaker, ndlr). Je me rappelle encore avoir vu tous ces champions en compétition. C’était une expérience incroyable pour le jeune garçon que j’étais. C’était l’année qui avait suivi les Jeux olympiques de Montréal de 1976, dont les épreuves équestres avaient eu lieu tout près de chez moi, à Bromont (dans la province de Québec, ndlr) alors que j’avais tout juste onze ans. Ce sont des souvenirs merveilleux.

Quel est votre meilleur souvenir à Spruce Meadows?

L’année des Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle, en 2006, j’étais le remplaçant de l’équipe canadienne. Nous sommes ensuite partis à Spruce Meadows, où le Canada avait remporté la Coupe des nations pour la première fois. C’était un accomplissement remarquable.

Lors de ma première participation au Masters de Spruce Meadows, en 1983, j’ai décroché la deuxième place dans le prix du Maurier International derrière Norman Dello Joio sur I Love You (fabuleux étalon Selle Français, ndlr). Ce prix était doté à 75.000 mille dollars canadiens, ce qui nous semblait beaucoup à l’époque. J’ai eu de bons, et même très bons résultats à Spruce Meadows. J’ai fini une fois troisième du Derby Chrysler Classic avec Paradigm, ce qui reste l’un de mes meilleurs souvenirs, avec mes victoires dans la Queen’s Cup. C’est également sur cette piste que j’ai sacré été champion du Canada… Ce ne sont pour moi que des souvenirs merveilleux. 

L’année 2025 marque les cinquante ans de la fondation de Spruce Meadows. Que représente ce lieu pour vous?

En tant que Canadien, je suis très fiers d’avoir un site de concours hippiques comme Spruce Meadows, qui est l’un des meilleurs du monde. J’ai eu la chance de concourir et de former bon nombre de chevaux là-bas. J’y ai souvent emmené des chevaux de six ou sept ans. Quand on passe quelques semaines ici l’été, nous repartons avec des chevaux fantastiques de leur expérience vécue sur ces pistes. S’ils ont la moindre trace d’un certain talent, c’est l’endroit idéal où les former. Chaque année, lorsque je me rendais à Spruce Meadows, je prenais toujours le temps de faire un tour du propriétaire. Il y avait toujours quelque chose de nouveau, d’intéressant. Ils faisaient grandir et amélioraient le site tous les ans. Certains organisateurs devraient s’en inspirer, parce que c’est un bel exemple. Nous y allions en juin et juillet, et quand nous arrivions en septembre pour le Masters, c’est comme s’ils faisaient encore mieux. C’est vraiment incroyable. 

Durant les cinq dernières décennies, dans quelle mesure Spruce Meadows a pu jouer un rôle dans le développement du jumping au Canada?

Selon moi, c’est le seul endroit qui compte vraiment. Si nous n’avions pas eu Spruce Meadows au Canada, notre sport ne se porterait pas aussi bien aujourd’hui. Ian Miller a fait sa réputation ici. Les rediffusions télévisées mises en place sont très importantes, tout comme la couverture médiatique des événements. Spruce Meadows forge des cavaliers, des personnes et des chevaux. Je compare cet effet à un golfeur qui participerait à tous les Majeurs de ce sport. Cela le construit lui et son nom. Il n’existe pas de meilleur endroit où concourir.

Spruce Meadows est l’une des quatre étapes du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles. Pour vous, en quoi se différencie-t-elle des autres?

Les quatre étapes sont évidemment différentes, avec deux en extérieur et deux en intérieur. J’ai participé au CHIO d’Aix-La-Chapelle pour la première fois de ma vie cette année. À Spruce Meadows, ce qui est impressionnant, c’est que nous sautons toujours ces longues barres et que l’identité du site est la même depuis sa création. Ils se sont énormément modernisés, mais ils ont conservé la personnalité du lieu. En venant ici, les cavaliers savent qu’ils vont sauter des obstacles très larges de front, ce qui fait l’identité unique de Spruce Meadows.

Avez-vous une anecdote amusante au sujet de la famille Southern (Ron, Marge, Linda, Nancy)?

L’imagination de Ron au moment de construire Spruce Meadows était incroyable. Durant ses dix premières années d’existence, le site se situait à vingt minutes de toute habitation. On pouvait conduire pendant vingt minutes et ne voir aucune maison, jusqu’à arriver à Spruce. Ron était sûr qu’il vivrait à la campagne toute sa vie... mais la ville l’a bien vite rattrapé.

Toutes les épreuves du CSIO 5* de Calgary seront à suivre en direct sur ClipMyHorse.tv



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