“Il faut du temps pour se reconstruire un piquet de chevaux et revenir en CSI 5*”, Mégane Moissonnier
Dimanche dans le Calvados, Mégane Moissonnier a fini troisième du très relevé Grand Prix Longines de la région Normandie, point d’orgue du Longines Deauville Classic, associée à Crooner Tame. La Rhônalpine se réjouit de voit son travail de reconstruction porter ses fruits. Depuis le départ de Cordial, son partenaire aux championnats d’Europe de 2023 à Milan l’eau a coulé sous les ponts. La cavalière de Laurent Guillet semble prête à revenir en CSI 5*. Hier, elle s’est prêtée au jeu du questions-réponses.

Kandoo est l'une des recrues d'avenir de Mégane Moissonnier. Cet étalon de neuf ans s'est offert la sixième place du prix Antarès Sellier lors du Longines Deauville Classic.
© Anais Marie Namaristudio/Grand Prix Events
Vous rentrez d’une très belle neuvième édition du Longines Deauville Classic, où vous avez terminé à une magnifique troisième place du Grand Prix Longines de la région Normandie dimanche avec Crooner Tame (SF, Conrad x Quincy), déjà dixième du prix Vilamoura Classic, première épreuve qualificative, trois jours plus tôt. Que retenez-vous de ce week-end?
Je suis très contente des résultats de Crooner. Ce concours était un vrai challenge, avec un plateau comparable à celui d’un CSI 5*, avec nombre de très bons cavaliers, qui ont monté leurs meilleurs chevaux. Mon premier objectif était de me qualifier pour le Grand Prix. Crooner a répondu présent, et j’étais très fière de lui. Dimanche, dans le Grand Prix, la pression était différente. J’ai pu observer les parcours de quelques couples, et il n’y avait pas beaucoup de sans-faute: le parcours de Grégory Bodo était difficile, et le temps imparti était très serré. Avec ce double sans-faute, je suis vraiment satisfaite du comportement de Crooner, qui m’a donné le meilleur de lui-même. Cette troisième place est d’autant plus belle que le Longines Deauville Classic est un concours auquel je suis attachée et auquel nous prenons plaisir à participer tous les ans.
Quels sont vos prochains objectifs avec lui?
J’espère une sélection pour le CSIO 4* d’Avenches, hôte de la finale de la série des Coupes des nations Longines EEF. S’il fait encore partie de mon piquet l’an prochain, pourquoi pas viser une sélection en CSIO 5*. En juin, il s’était déjà très bien comporté au CSIO 3* Sotheby’s International Realty de Deauville (organisé par GRANDPRIX Events, comme le Longines Deauville Classic, ndlr) pour sa première sélection en équipe de France, et sa première sur ce format d’épreuves.
À Deauville, vous avez aussi obtenu une sixième place à 1,40m dans la seconde section du prix Antarès Sellier avec Kandoo (Z, Kannan x Level), qui n’a que neuf ans. Quelle sera la suite avec lui?
Je monte Kandoo depuis moins d’un an. Nous avons récemment débuté à 1,50 m et il commence à vraiment appréhender ce niveau d’épreuve. Il a produit deux très bons parcours à Deauville, dont un avec une faute de ma part sur le premier obstacle dans le Prix Range Rover à 1,50m du samedi. Je suis contente de son évolution et de son comportement. Avec lui, l’objectif des prochains mois va être de continuer à nous stabiliser à 1,50m, puis de gentiment nous propulser plus haut, et de voir comment il réagit. Pour le moment, il est prévu qu’il reste sous ma selle, mais rien n’est jamais trop sûr, s’agissant d’un cheval de commerce.
Vous montez également Qoup de Cœur de Muze (BWP, Mosito van het Hellehof x Jalisco B), lui aussi âgé de neuf ans. Quels sont vos objectifs avec ce cheval?
Je le monte depuis deux ans, et c’est en lui que je place le plus d’espoirs pour l’avenir. Je sais qu’il est capable de grandes choses. Il a réussi de très bons sans-faute à 1,55m lors des CSI 5* de Cannes et Saint-Tropez, se classant à deux reprises pour ses premiers essais à ce niveau. J’ai hâte de vivre la suite avec lui. Après la vente de Cordial (qui concourt sous la selle de l’Irlandais Denis Lynch, ndlr) en 2023, il nous a fallu du temps pour reconstruire un piquet de chevaux et il nous en faut encore pour revenir en CSI 5*.
Cette saison, nombre de nations ont lancé de jeunes cavaliers et/ou de couples en devenir aux championnats d’Europe Longines de La Corogne. Ce fut tout particulièrement le cas de la France, avec les sélections de Nina Mallevaey (Nikka van den Bisschop), Antoine Ermann (Floyd des Prés) et Jeanne Sadran (Dexter de Kerglenn). En 2023, vous-même aviez été l’atout jeunesse de la France aux championnats d’Europe de Milan. Quel regard portez-vous sur ce renouvellement générationnel?
Je suis contente d’assister aux performances de ces couples à haut niveau, de les voir participer à des championnats. Lorsque cela m’est arrivé, je me suis rendu compte d’un seul coup que j’étais la seule jeune au milieu des pontes du jumping français. Ce sont toujours de belles opportunités. Je suis très contente pour Nina, Antoine et Jeanne, d’autant que ce sont trois jeunes de ma génération, que j’ai côtoyés dans les catégories Enfants, Poneys, puis Juniors et Jeunes Cavaliers.
Je trouve très bien qu’Édouard Coupérie leur ait donné une chance, même si cela représente aussi une prise de risques importante dans un championnat. À La Corogne, il n’y a pas eu de médaille, mais le sport est ainsi fait. Vu leurs résultats cette saison, ils auraient pu obtenir une médaille. En tout cas, nous sommes en bonne voie pour renouveler cette équipe de France. De plus, cela crée une dynamique globale, avec de plus anciens et aguerris qui sont boostés pour rester à ce niveau, et un mouvement positif de transmission entre les générations. Comme beaucoup d’autres, Julien Épaillard, Kevin Staut sont toujours ouverts à la discussion en concours. Ils nous aident, si nous avons besoins de conseils lors d’une reconnaissance ou au paddock; ils sont toujours là pour épauler les plus jeunes. C’est super à voir, et à vivre.