Les cavaliers du Golfe et l’élevage français dominent les championnats du monde des chevaux de huit ans à Jullianges
Samedi, les chemins accidentés de la commune altiligérienne de Jullianges ont accueilli le championnat du monde d’endurance des chevaux de huit ans. Quatre-vingt-deux couples de vingt-cinq nations différentes ont dû composer avec un sol très dur et rocailleux, ainsi que des montées et descentes exigeantes. Si les Émirats arabes unis et Bahreïn ont trusté le podium individuel, la France a décroché la médaille de bronze par équipes.
À 7h samedi matin à Jullianges, en Haute-Loire, quatre-vingt-deux couples se sont élancés sur la première des quatre boucles de l’épreuve d’endurance de 120km support du championnat du monde des chevaux de huit ans. Seuls trente et un couples ont terminé cet exercice très sélectif, soit un taux d’élimination de 62%. Si des chevaux ont été arrêtés pour raisons métaboliques, avec et sans boiterie, aucun n’a dû être traité par les vétérinaires. Avec quinze chevaux engagés, les Émirats arabes unis avaient mis un maximum de chances de leur côté, et ils ont logiquement trusté les première et la deuxième places du classement individuel, et gagné l’or dans la compétition par équipes – cas unique dans les championnats Jeunes Chevaux organisés par la Fédération équestre internationale, si tant est qu’on puisse encore parler de jeunes chevaux à l’âge intermédiaire de huit ans...
Bullio Quasillo (Marcon IOS x Triple Star), cheval né en Australie, a été sacré champion du monde avec Saïf Ahmed Mohammed Ali al-Mazroui, cavalier de l’écurie doubaïote MRM Stables. Déterminé à gagner, l’Émirien a pris de la distance vis-à-vis de ses concurrents dès le deuxième point d’assistance de la première boucle. Il s’est échappé au sein d’un petit groupe qui affichait déjà une avance de sept minutes. Il s’est assuré de la victoire en avalant la dernière boucle de l’épreuve à une impressionnante moyenne de 29,61km/h. Vainqueur de ce même championnat en 2015, puis médaillé d’or par équipe aux championnats du monde Jeunes Cavaliers en 2019, Saïf al-Mazroui a vécu son huitième grand rendez-vous sportif à Jullianges. Bullio Quasillo serait-il un “extraterrestre”? À huit ans, il a déjà gagné la CEI3* 160km de Windsor en mai, courant les vingt derniers kilomètres à 32km/h (!), ainsi qu’une épreuve nationale de 160km en février dans le désert des Émirats.
Vice-champions du monde, Harmonia Rayssac (Diosai d’Alajou x Héra de Blazens), renommée Al Fatina et Essa Rachid Mohammad Saïd al-Mazroui (M7 Endurance), âgé de quinze ans et qui n’a débuté l’endurance internationale qu’en 2024, ont franchi la ligne d’arrivée quarante-trois secondes seulement après le vainqueur. Médaillé d’or par équipes pour le royaume de Bahreïn aux Mondiaux Jeunes Cavaliers de 2023, Sultan Abdoulaziz Mayouf al-Romaihi a glané le bronze avec Haqtar du Carrelie (PsA, Qatar ibn Tawfik x Orrin) à une vitesse moyenne de 21,1km/h, avec une dernière boucle à 25,6km/h. Quatrième à 13’15’’ du vainqueur, la Française Léa Vandekerckhove a préféré ralentir le rythme afin de préserver l’intégrité d’Alsafa du Lauragais (PsA, Schwann du Colombier x Tango d’Ayres), issue de son élevage familial. Cette jument est repartie auréolée du prix de la meilleure condition.
Les chevaux français confirment leur suprématie
Bullio Quasillo et Al Fatina, ainsi qu’Héraclès Feuillée (PsA, Gerik de Rendpeine x Un’Art) et Habanita Valarbin (AA, Alcazar de Tyv, PsA x Shalimar d’Ibos, PsA), cinq et seizième avec Rachid Saïd al-Ketbi et Ali Abdoullah Ali ben Zayed al-Falasi ont offert l’or par équipes aux Émirats arabes unis. La Royal Endurance Team de Bahreïn s’est parée d’argent grâce à Haqtar du Carrelie, mais aussi à Hacour La Majorie (PsA, Baltik des Ors x Zadie d’Aspiens) et Héraclès de Suleiman, huit et onzième sous les selles respectives de Fahad Helal Mohamed al-Khatri et Faiçal Hamid Dakil al-Anezi. Quant à la France, elle a glané le bronze à domicile, sauvant l’honneur de l’Europe, grâce à Hashtag du Mas (PsA, Schwan du Colombier x Shamilah Vassili), Himazziz Milin Riant (PsA, Azziz de Gargassan x Arques Perspex) et Hurkie de Coussergues (PsA, Damis x Zacan El Baraka), respectivement montés par Lilou Tomas Arnaud, Mathieu Rousseaux et May Manifacier.
Si un cheval né en Australie a remporté ce championnat, l’élevage français s’est illustré avec pas moins de huit chevaux dans le top dix du classement individuel. Outre Bullio Quasillo, Vida Al Alfabia (PsA, ZT Magnofantasy x Phaaros), née en Italie, est le seul autre cheval non-français qui s’y fait une place, la neuvième, avec la Transalpine Caterina Torre. Outre ceux déjà mentionnés, saluons les six et septième rangs obtenus par Hermione de Perros (DsA, Azur Armor, PsA x Uristan, TF) et Hawaï de la Fichade (PsA, Perfect de Lafon x Oural Polski) avec la Britannique Maisie Jade Raikes et le Français Karim Tokbani.
“Trois quarts des chevaux ont dû être referrés en cours d’épreuve”, Lilou Tomas Arnaud
Dixième avec Lilou Tomas Arnaud, Hashtag du Mas, né et élevé à l’élevage familial situé dans le Tarn, a affiché d’impressionnants temps de récupération: 41’’, 51’’, 1’09’’ et un passage au contrôle vétérinaire final en 7’. “J’avais pour objectif de boucler cette épreuve qui s’annonçait très compliquée. C’était très important à mes yeux et nous étions prêts!”, commente sa cavalière depuis toujours. “Hashtag est un cheval rustique qui n’a jamais boité de sa vie et qui a toujours été super. C’est pourquoi nous l’avons engagé. Il n’avait jamais couru aussi vite (au-dessus de 19km/h de moyenne, ndlr), mais il était vraiment à l’aise, récupérant très bien, alors nous avons continué. Je ne savais pas à quoi m’attendre parce que ce n’était que sa deuxième épreuve de 120km. La troisième boucle était la plus difficile, avec énormément de dénivelé. Il y avait une grosse descente au galop et Hashtag m’a vraiment surpris en termes de vitesse.”
Lilou et son père, le multimédaillé Philippe Tomas, ont dû composer avec un Hashtag compliqué à gérer avant les épreuves. “Il n’aime pas dormir hors de son écurie. Et là, il fallait être sur le site quarante-huit heures avant le départ. Il ne mangeait pas, ne buvait pas… Il n’avait jamais vu un tel site avec autant de chevaux. À cause de ce stress, il n’était pas dans une forme optimale, donc je n’ai pas voulu lui demander davantage en piste. Et, comme à son habitude, le jour J, il a été au rendez-vous, mangeant et buvant bien.” Lilou a trouvé le terrain particulièrement exigeant: “Le sol est extrêmement dur et abrasif. Trois quarts des chevaux ont dû être referrés en cours d’épreuve à cause de l’usure de leurs fers. Ceux d’Hashtag ont tenu, mais il était temps que la course se termine!” Alors qu’Hashtag a regagné son pré au grand galop, Lilou s’interroge pour la suite: “Il a été vendu à cinq ans et son propriétaire l’a laissé à la maison jusqu’à présent. J’ai monté cette course comme si c’était la dernière avec lui. On verra bien ce qui se passera…”
Victime d’une chute en piste, l’expérimentée cavalière britannique Nicola Thorne a dû être évacuée et opérée, fort heureusement avec succès. GRANDPRIX lui souhaite un bon rétablissement.