À La Corogne, Richard Vogel offre le titre européen que United Touch S méritait tant
Cet après-midi, la finale individuelle des championnats d’Europe de La Corogne s’est conclue par le couronnement de celui que l’on surnomme l’extraterrestre, United Touch S. Piloté avec brio par Richard Vogel, l’incomparable étalon de treize ans a devancé deux autres cracks: Hello Folie de Nantuel, couverte d’argent avec l’Écossais Scott Brash, et Ermitage Kalone, qui s’est paré de bronze avec le Belge Gilles Thomas.

Richard Vogel et United Touch S.
© Benjamin Clark/FEI
“Tout le monde connaît United Touch S depuis quelque temps déjà, mais tout le monde peut voir à quel point il est extraordinaire aujourd’hui”, sourit fièrement Richard Vogel, heureux d’avoir enfin réussi à offrir un titre à son phénoménal étalon. Cet après-midi, l’Allemand de vingt-huit ans a en effet été sacré champion d’Europe à La Corogne, en Galicie, au terme d’un sublime double sans-faute, offrant une médaille d’or bien méritée à son incomparable fils d’Untouched. Si ce dernier n’est âgé que de treize ans et n’a disputé son premier Grand Prix 5* qu’en novembre 2022, on est vraiment tenté de dire “enfin”! Incomparable pour bien des raisons, qu’il s’agisse de ses origines consanguines mais aussi et surtout de son amplitude gigantesque, de ses moyens démesurés ou encore de son look de top model, United Touch S fait partie de ces cracks à qui l’on n’aurait pas pu dire au revoir sans qu’il ne soit couronné d’une très grande victoire.
Bien sûr, le couple qu’il forme avec Richard Vogel avait déjà remporté le mythique Grand Prix 5* de Genève, en 2023, à la faveur d’un barrage resté dans les annales, et celui du CSI 5*-W de Stuttgart en 2022 et 2024, ainsi que celui du CHI Longines Equita Lyon et de Wellington en 2024, mais un titre dans un grand championnat, c’est autre chose. Son cavalier avait déjà tenté sa chance en 2023, lors de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha, puis à celle de Bâle cette année, sans oublier les Jeux olympiques de Paris l’été dernier. Mais, à chaque fois, il manquait un petit quelque chose pour que la chance soit avec lui. Certains observateurs du sport craignaient même que le bai ne dépense tellement d’énergie à chacun de ses sauts que tenir sur la durée d’un grand rendez-vous ne soit trop difficile. Aujourd’hui, le crack a vraisemblablement prouvé que non, pour le plus grand bonheur de son cavalier, qui, rappelons-le, avait récupéré cet héritier de l’olympique Classic Touch en 2022, à la suite de la suspension de son ancien cavalier, le Néerlandais Bart Bles, contrôlé positif à une substance illicite après s’être “laissé entraîner dans une soirée”… Quelle histoire!
Scott Brash décroche (enfin) une deuxième breloque individuelle
Comme le Suisse Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème à Milan, en 2023, Richard Vogel et United Touch S sont devenus champions d’Europe après avoir survolé tous les parcours sans commettre la moindre faute. Une victoire éclatante, probablement attendue vu la qualité des parcours qu’ils avaient déroulés jusqu’ici, mais pas si évidente, surtout à quelques minutes du coup d’envoi de la seconde manche. “La dernière ligne (composée d’un triple vertical-vertical sur bidet-oxer, puis d’un vertical deux foulées après, ndlr) n’était pas facile pour nous en raison de la grande amplitude de United Touch. C’est une grande force qui peut parfois se transformer en faiblesse (face à des courts contrats de foulées, ndlr)”, a exprimé le lauréat en conférence de presse. Bon, finalement, cette difficulté ne s’est pas tellement vue, et le couple, parti en dernier, a arraché la victoire au terme d’une finale que l’on qualifierait davantage de très haut vol que de palpitante, le podium n’ayant finalement pas été si chamboulé que ça. Et pour cause, derrière un crack s’en cachait deux autres! Qu’il s’agisse de Hello Folie de Nantuel, la petite balle magique de Scott Brash, ou d’Ermitage Kalone, le valeureux complice de Gilles Thomas, il faut bien avouer que ces Européens ont sûrement récompensé trois des meilleurs chevaux au monde actuels!
Pour autant, Scott Brash a quand même eu du boulot pour arriver jusqu’à la deuxième marche du podium! L’Écossais, qui n’avait jusqu’ici “que” glané le bronze aux Européens de Herning, en 2013, avec Hello Sanctos, pour ce qui est de ses breloques individuelles, a monté à la perfection la spectaculaire Hello Folie de Nantuel, qui s’est à nouveau démarquée par son tempérament de feu et un talent fou. Âgée de dix ans, la bouillante Selle Français, qui avait déjà fait le buzz dans la finale par équipes vendredi en se hissant miraculeusement du triple, s’est parfois rajoutée elle-même des difficultés. Mais l’alezane, née dans le Berry, chez Claire et Jacques Gouin, est sortie sans pénalité des deux parcours grâce à son génie. “Cette semaine, elle a montré au monde à quel point elle était incroyable”, a déclaré Scott Brash, qui semble avoir trouvé la relève de ses inoubliables Hello Sanctos et Hello M’Lady, pour ne citer qu'eux.
Scott Brash et Hello Folie de Nantuel. Crédits Benjamin Clark/FEI
Ermitage Kalone “les doigts dans le nez”

Gilles Thomas et Ermitage Kalone.
© Benjamin Clark/FEI
Quant à Ermitage Kalone, sa présence sur le podium n’a presque pas été surprenante. Depuis le début de l’année, l’étalon de onze ans était présenté comme l’un des grands favoris (si ce n’était LE favori) pour ces Européens – ce qu’il fut dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX, toujours disponible en kiosques. Métronome dans l’âme mais relativement lent, bien qu’il ait réussi à s’imposer dans le Grand Prix 5* du Longines Paris Eiffel Jumping mi-juin, il semblait parfaitement taillé pour le format de ce championnat continental, notamment en raison de l’absence de barrage. Et le crack a prouvé que c'était bien le cas en allant chercher un nouveau double sans-faute sans montrer la moindre fébrilité ni le moindre effort! Le jeune Gilles Thomas, vingt-quatre ans, repart donc d’Espagne avec deux médailles: le bronze individuel et l’or par équipes, remporté avant-hier avec la Belgique. “Quand j’étais petit, je rêvais de gagner un jour une médaille dans un championnat… C’est chose faite, et j’en ai même deux!”, s’est réjoui le jeune homme en conférence de presse. La classe!
Ben Maher doit encore se satisfaire d’une médaille en chocolat…

Ben Maher et Dallas Vegas Batilly.
© Scoopdyga
Si l’on parle souvent des innombrables deuxièmes places du Néerlandais Harrie Smolders et de son fidèle Monaco, Ben Maher est à deux doigts de connaître une situation semblable dans les grands championnats, ayant encore une fois fini au pied du podium… Depuis qu’il fut sacré champion olympique à Tokyo avec Explosion W, le Britannique a en effet terminé quatrième des championnats du monde de Herning en 2022, puis à nouveau quatrième l’année suivante aux Européens de Milan, les deux fois avec l’excellent Faltic HB. Il avait d’ailleurs déjà goûté à cette médaille en chocolat aux Européens Poneys, en 1997, et aux Européens Jeunes Cavaliers, en 2003… Associé à Dallas Vegas Batilly, une autre Selle Français (la deuxième de la finale), avec laquelle il fut sacré champion olympique par équipes à Paris l’été dernier, le Britannique a signé un magnifique double zéro cet après-midi. Hélas, sa faute commise dans la Chasse le premier jour a laissé des traces et ses 2,35 points ne lui ont pas permis de monter sur le podium.
Derrière lui, le jeune et discret Irlandais Seamus Hughes Kennedy a pris une honorable cinquième place avec ESI Rocky. Un bel accessit pour un premier grand championnat! Son coéquipier Darragh Kenny, accompagné d’Eddy Blue, a lui terminé septième, devancé par l’Allemande Sophie Hinners – qui est également la compagne de Richard Vogel! – et Iron Dames My Prins.
Le Suisse Steve Guerdat prépare l’avenir, Millfield Colette l’incarne en Grande-Bretagne
Troisième du classement individuel vendredi soir, Steve Guerdat espérait certainement doubler son titre de champion d’Europe, acquis en 2023 avec Dynamix de Bélhème. Mais le Suisse, que l’on connaît pour son inlassable soif de médailles et de grandes victoires, a dû se contenter de la douzième place avec Albführen’s Iashin Sitte. Et en a été finalement très satisfait! Il faut dire que son alezan de onze ans, sur lequel il ne tarit pas d’éloges depuis plusieurs mois déjà, affrontait son premier rendez-vous d’envergure. Crédité d’une faute en première manche et de deux en seconde, probablement dû à la fatigue accumulée par son fils de Bamako de Muze, le champion sait qu’il prépare l’avenir.
Du côté de la Grande-Bretagne, l’avenir semble radieux. Elle est d’ailleurs l'unique nation à avoir compté quatre représentants en finale individuelle cet après-midi, seul Matthew Sampson n’ayant pas réussi à se qualifier. Outre Scott Brash et Ben Maher, citons Jessica Mendoza, qui signe un retour remarqué parmi les meilleurs en terminant onzième avec In The Air, et surtout Donald Whitaker, dixième avec la fabuleuse Millfield Colette. Exceptionnelle toute la semaine, la bondissante grise, qui avait été rétrogradée au classement général pour une petite faute dans la finale par équipes avant-hier, a aujourd’hui sorti un excellent double zéro. Gageons que son cavalier, qui disputait son premier grand championnat, puisse la conserver, parce qu’il est fort à parier qu’elle fait tourner des têtes…

Donald Whitaker et Millfield Colette.
© Scoopdyga
A star is born avec Antoine Ermann

Antoine Ermann et Floyd des Prés.
© Scoopdyga
Quelle fin de championnat sensationnelle pour Antoine Ermann! Relégué à la soixantième place après une épreuve de Chasse ratée, il avait pu se qualifier in-extremis pour la finale individuelle après deux incroyables sans-faute les jours suivants. Aujourd’hui encore, le Bourguignon a fait étalage de la finesse de son équitation en bouclant une première manche parfaite sur Floyd des Prés, qui semblait toujours aussi frais qu’au premier jour. Il a finalement terminé seizième, signant ainsi le meilleur résultat tricolore de ces championnats d’Europe.
Son compatriote Kevin Staut, seul autre Français au départ de cette finale individuelle - Julien Épaillard ayant décidé d’en rester-là pour “préserver” Donatello d’Auge -, a lui fini au dix-huitième rang. Associé à son expérimentée Visconti du Telman, le Normand n’a laissé que la sortie du double de verticaux numéro 7 à terre. Une belle régularité néanmoins pour cette atypique jument baie, troisième de la finale de la Coupe du monde Longines de Bâle en avril.