Les hommages pleuvent pour André Chenu
Dimanche, André Chenu s’est éteint à l’âge de quatre-vingts ans des suites d’une longue maladie. Véritable symbole de la filière équine, cet homme de cheval, qui avait concouru à haut niveau avant de connaître le succès en tant qu’éleveur, formateur et marchand avec son épouse Annick, au sein du haras du Plessis, était bien connu de tous ou presque. Depuis son décès, les messages de condoléances et d’hommage affluent.
Le décès d’André Chenu, survenu ce dimanche 15 juin alors que l’homme de cheval était âgé de quatre-vingts ans, a suscité une très vive émotion dans la filière équestre. Comme cavalier, d’abord, puis comme éleveur, révélateur de chevaux, dénicheur et marchand, activités qu’il exerçait aux côtés de son épouse, Annick, en leur haras du Plessis, André a marqué de son empreinte le monde du saut d’obstacles. Depuis l’annonce de sa disparition, nombre de personnalités de la filière ont tenu à lui rendre hommage.
C’est notamment le cas d’Emmanuèle Perron-Pette, fondatrice et propriétaire avec son époux, Armand, du haras des Coudrettes, situé sur la propriété voisine de celui du Plessis, au Mesnil-Mauger, dans le Calvados. “André faisait partie de ces gens qui donnent à leur entourage le sentiment d’être immortels, tant le temps semble glisser sur eux”, s’est émue l’amie du couple Chenu auprès de GRANDPRIX. “Nous ne l’avons pas vraiment vu vieillir, d’autant qu’il avait un peu levé le pied, mais jamais cessé de travailler et de penser à l’avenir, ce qui est très inspirant. Même frappé par la maladie, il n’a rien lâché. Pour nous, il était plus qu’un voisin et un ami: un membre de notre famille choisie, celle avec laquelle on vit au quotidien. Peu de semaines se passaient sans que nous ne dînions avec Annick et lui; nous fêtions Noël ensemble… Il n’y a pas de réelle limite entre nos deux propriétés, géographiquement collées l’une à l’autre. Je resterai très impressionnée par la fluidité avec laquelle Annick et André ont réussi la transition entre les années où ils étaient cavaliers de haut niveau, et celles où ils sont devenus avant tout éleveurs et propriétaires, obtenant énormément de succès dans tous ces rôles. Ensemble, ils ont su faire évoluer leur métier avec un talent immense, beaucoup de générosité, énormément de bonne humeur et un vrai sens du partage. André était un bon vivant, qui rassemblait autour de lui des gens qui lui ressemblaient. Je n’ai jamais connu un homme de notre milieu aimant autant les animaux que lui, qu’il s’agisse de ses chevaux, de ses chiens ou de son chat. Avec lui, c’est aussi un symbole d’une génération qui ne trouve pas vraiment de remplaçants qui s’en est allé. Son départ est synonyme d’une grande tristesse, même si celle-ci est aussi teintée de soulagement après ces années de lutte contre la maladie.”
“Un vrai homme de cheval, extrêmement passionné”, Bilal Zaryouh
Formé chez Philippe Épaillard, le père de Julien, puis passé par les écuries du numéro onze mondial lui-même, Bilal Zaryouh travaille pour et avec le couple Chenu depuis un an et demi. “Dès mes débuts en compétition, j’ai toujours vu André et Annick en concours”, s’est-il souvenu. “Bien sûr, je ne les connaissais pas personnellement, mais leur réputation les précédait. Je les ai vraiment rencontrés en début d’année dernière, lorsque j’ai commencé à travailler pour eux. André était déjà un peu malade, mais il se portait plutôt bien. Il venait toujours voir ses chevaux travailler. C’était un vrai homme de cheval, extrêmement passionné. Aujourd’hui (propos recueillis dimanche au Pin-au-Haras, ndlr), Grabuge (le propre frère d’Orient Express*HDC, ndlr) lui a en quelque sorte rendu hommage en se classant huitième de son tout premier Grand Prix 3*. Dès le premier jour où j’ai monté ce cheval, André m’a dit qu’il deviendrait un crack, alors qu’il n’avait jamais sauté plus d’1,40m. Je crois qu’encore une fois, il avait un peu raison.”
Quant à Michel Robert, devenu dimanche au Pin-au-Haras le plus vieux vainqueur d’un Grand Prix international, à l’âge de soixante-seize ans, il a lui aussi tenu à rendre hommage à André Chenu. “J’ai monté avec André à l’époque où nous étions tous les deux cavaliers de concours complet”, s’est-il remémoré. “Nous avions alors une vingtaine d’années. J’ai de très bons souvenirs de compétitions disputées avec lui. C’est évidemment triste, mais crois que son décès est aussi une sorte de libération, parce qu’il souffrait et n’avait plus vraiment d’espoir.” “Je connaissais André depuis très longtemps, d’abord en tant que cavalier”, a raconté le champion du monde par équipes de 2002 Reynald Angot, installé non loin du Mesnil-Mauger. “Il m’a confié des chevaux, nous avons travaillé ensemble, et il était très apprécié dans notre milieu. Il possédait un immense savoir équestre, des méthodes bien à lui, et un caractère bien trempé. C’était un grand homme, et surtout un ami, avec lequel j’ai passé énormément de bons moments autour de grands repas.”
Ancien sélectionneur de l’équipe de France de saut d’obstacles, Laurent Élias, lui, a exprimé sa peine sur les réseaux sociaux: “Quel choc d’apprendre le décès d’André Chenu! Encore un de ces hommes qui connaissaient si bien les chevaux de leur naissance à leur préparation pour le plus haut niveau. Des êtres de plus en plus rares, et tellement différents des consommateurs de chevaux actuels. Respect pour cette superbe carrière de cavalier, d’éleveur et de préparateur de cavaliers. Oui, tout y est et de façon remarquable. Mes sincères condoléances à sa famille et ses proches. Adieu André; tu laisseras une trace indélébile et remarquable dans notre monde du cheval.”
Les obsèques d’André Chenu se tiendront le lundi 23 juin à 10h30, en l’église du Mesnil-Mauger.
Toute l’équipe de GRANDPRIX présente une nouvelle fois ses plus sincères condoléances à l’entourage d’André Chenu, et tout particulièrement à son épouse, Annick.