En cette “saison de transition”, Astier Nicolas a les yeux tournés vers les championnats d’Europe
Engagé dans ce qu’il qualifie lui-même de “saison de transition”, Astier Nicolas poursuit la structuration de son écurie de haut niveau tout en préparant les grandes échéances internationales, dont les championnats d’Europe, prévus en septembre à Blenheim, en Grande-Bretagne. Entre accompagnement de chevaux expérimentés et montée en puissance d’une génération de partenaires de huit ans, le vice-champion olympique individuel et médaillé d’or par équipes des Jeux de Rio 2016 s’inscrit dans une dynamique de construction, en lien étroit avec les nouvelles orientations fédérales.

Fin avril à Saumur, Astier Nicolas et Dirty Old Town se sont classés deuxièmes du CCI 3*-S de Saumur.
© Les Garennes/Saumur Complet
Comment vont vos chevaux de tête, Alertamalib’Or (AA, Summer Song x Prince Ig’Or), Babylon de Gamma (SF, Mylord Carthago x Happy Vergoignan, AA) et Dirty Old Town (ISH, Cruising Ambassador x Puissance)?
Dirty Old Town, mon cheval émergent, s’est bien comporté lors du Grand National du Lion-d’Angers (se classant huitième, du 16 au 18 mai, ndlr), épreuve préparatoire au CCI 4*-L de Bramham (qui débute jeudi en Grande-Bretagne, ndlr). J’ai regretté de ne pas pouvoir participer au Master Pro de Pompadour, à cause d’une blessure que j’ai subie, parce que le cross de ce concours corrézien présente une topographie et un dénivelé proches de ce qu’on trouve à Bramham. Au lieu d’enchaîner Pompadour, Le Lion et Bramham, j’ai repris à Saumur (où le couple a fini troisième du CCI 3*-S le 24 avril, ndlr). Je relève donc ce nouveau défi avec des concours plus rapprochés qui m’ont conduit à gérer un peu différemment l’entraînement de mon cheval, en termes de récupération, de préparation cardio et de travail technique spécifique à chaque phase.
Alertamalib’Or, mon cheval d’expérience, qui a déjà quinze ans, a repris à Saumur au niveau 3* avec beaucoup d’envie et de plaisir (le duo s’est classé deuxième, ndlr) en préparation du CCI 4*-S de Bramham. Comme tout se passe sur herbe, c’est particulièrement intéressant et l’encadrement fédéral nous a demandé de nous tester dans ce type de conditions (en vue des championnats d’Europe, ndlr).
Quant à Babylon (vainqueur des CCI 4*-S de Kronenberg et de Marbach en 2024, ndlr), il devait revenir au Lion, mais j’ai jugé qu’il n’avait pas retrouvé le niveau de forme nécessaire, et je ne sais pas quand ce sera le cas. Il est un peu sorti en saut d’obstacles, évoluant avec un vrai bonheur, ce qui montre qu’il va bien. De plus, il est sûrement le meilleur sauteur que j’aie jamais eu, donc c’est un plaisir partagé. Je compte le relancer en complet, mais je n’ai pas encore de plan précis pour lui.
Pour les championnats d’Europe, je nourris donc des espoirs avec Alertamalib’Or, qui est en seconde partie de carrière et, pourquoi pas, avec Dirty Old Town, qui émerge à haut niveau. En ce sens, je vis une saison de transition.
De quels jeunes chevaux disposez-vous pour envisager la relève de vos partenaires de pointe?
Hitchqote du Coudray (SF, Panama Tame x Fidelio du Thot), âgé de huit ans, me semble prometteur même s’il a vécu un début de saison un peu compliqué parce qu’il a mis du temps à atteindre l’état dans lequel je le voulais. Comme, c’est un grand cheval, j’envisage de le faire redoubler de niveau. Par le passé, j’ai généralement préparé mes jeunes de manière plus précoce. Désormais, j’essaie de les former en prenant davantage mon temps et en pensant à long terme. Il appartient à des amis, la famille Grivot, qui me fait le plaisir de conserver ses chevaux. Avec lui, je peux donc adopter une stratégie de long terme.
Dans la même optique, j’ai aussi Hold Up de Longueraie (SF, Cher Époux x Doris des Halles) et Habit Rouge d’Ox (SF, Canturo x Laurier de Hère, AA). Cela me fait une vraie équipe de chevaux de huit ans. Tous se comportent très bien et nous permettent de nous projeter vers des épreuves de bons niveaux. Hormis Hitchqote, qui a participé au Mondial des sept ans en 2024, avec un certain succès d’ailleurs (le couple s’est classé quatrième, ndlr), les autres sont un peu en retard, mais tous me semblent bons.

Lors de Saumur Complet, Astier Nicolas et Alertamalib’Or ont réussi une bonne rentrée, terminant troisièmes du CCI 3*-S.
© Les Garennes/Saumur Complet
“Je voudrais transmettre ce que je sais faire, parce que partager me plaît”
Quels sont vos objectifs cette saison et à plus long terme?
Indéniablement, je vise les championnats d’Europe avec Alertamalib’Or. Je travaille pour cela. Plus loin, je vise les Jeux olympiques de Los Angeles et prépare mes trois chevaux de huit ans en vue de cet objectif. À un autre niveau, j’envisage aussi de m’installer le plus tôt possible, en acquérant mes propres infrastructures dans une région qui m’est chère: la Normandie.
Comment percevez-vous les évolutions à l’œuvre au sein de l’encadrement fédéral, avec les nominations relativement tardives de Jean-Luc Force et Martin Denisot aux postes de sélectionneur national et de conseiller technique national en charge du concours complet?
Effectivement, les remaniements ont été annoncés assez tard. Sitôt les nominations actées, nous nous sommes assez vite réunis en stage à Saumur, où tout s’est très bien passé, puis nous nous sommes revus à Lamotte-Beuvron avec une équipe très complète et finalement nombreuse pour nous prendre en charge. C’était particulièrement complet, suivant une approche de gestion différente de ce que nous avions connu jusqu’à présent. Le dialogue est ouvert, et c’est intéressant. J’ai senti une volonté collective de construire, et suis reparti avec un bon sentiment. Comme pour n’importe quelle nouvelle organisation, nous sommes tous impatients d’en observer les résultats à court, moyen et long termes.
Quelles vous semblent être les “exigences” des nouveaux cadres de l’équipe de France?
Nous avons discuté ensemble du programme à élaborer et souligné les points de passage importants de la saison, comme le fait de disputer les trois phases sur herbe à Bramham afin de se mettre dans les conditions des championnats d’Europe, parce que c’est un sport un peu différent .
Au quotidien, vous consacrez-vous essentiellement à votre activité de cavalier de haut niveau ou bien avez-vous d’autres casquettes?
Je suis actuellement en pourparlers avec deux jeunes – un concourant en Jeunes Cavaliers et un autre un peu plus âgé – dans l’optique qu’ils viennent s’établir à la maison. J’aime collaborer ainsi. Je voudrais transmettre ce que je sais faire, parce que partager me plaît. Pour l’instant, rien n’est encore fait. À moyen terme, je me verrais bien consacrer plus de temps au coaching, au service de jeunes motivés et qui présentent déjà de bonnes qualités, tout en continuant à concourir à haut niveau. C’est une autre manière d’appréhender le métier de cavalier: lorsque je me retrouve à pied, en raison d’une blessure par exemple, je remarque qu’il y a un avantage à être à cette place, et j’aimerais approfondir tout cela. Je suis sûr que c’est complémentaire et profitable, y compris pour ma propre carrière de cavalier.