Alizée Bourguet et César des Hauts Crêts repartent de plus belle

Bis repetita pour Alizée Bourguet. À vingt ans, la benjamine de la famille Bourguet a été sacrée championne de France Jeunes Cavaliers de concours complet pour la deuxième année consécutive, le 18 mai au Lion-d’Angers. En selle sur son fidèle César des Hauts Crêts, un hongre Selle Français de treize ans par Koro d’Or et une mère par Obéron du Moulin, la Saumuroise a terminé avec un total de 29 points, issus de leur test de dressage. Le couple a devancé Vérane Nicaud (33,8), médaillée d’argent sur Baron d’État (SF, Damiro B x I am Boy), et Paul Barret (35,1), en bronze sur Qualified by van’t Huka (BWP, Vigo d’Arsouilles x Thunder van de Zuuthoeve), un hongre âgé seulement de neuf ans. Après une saison 2024 déjà marquée par un titre national et une médaille d’argent par équipes assortie d’une sixième place individuelle aux championnats d’Europe, à Strzegom, Alizée affiche un large sourire: “Un deuxième titre successif, ça fait du bien!”, reconnaît-elle. “J’en rêvais, bien sûr, parce que nous étions sur une belle dynamique, mais rien n’est jamais acquis.”

Pour stabiliser ses performances au dressage avec César, “un cheval un peu chaud, avec beaucoup de sang”, elle a mis en place un nouveau protocole durant l’hiver: “Je l’ai emmené effectuer de petites séances de travail en extérieur, dans des endroits différents, afin qu’il s’habitue à sortir de sa zone de confort.” Cette stratégie a payé dès les premières étapes du Grand National, à Saumur et Pompadour: “Il s’est montré à l’écoute tout de suite, signe que cette méthode fonctionne.” Au Lion-d’Angers, le couple a signé l’une de ses meilleures reprises, obtenant des 8 et même quelques 9: “Le dressage s’est vraiment bien passé. Le cross, avec ses belles côtes, était exigeant pour un début de saison, et ce championnat s’est couru au niveau Pro 1 cette année, ce qui n’est pas toujours le cas en Jeunes Cavaliers”, note Alizée – ceci explique peut-être pourquoi cette compétition n’a réuni que sept couples… César et sa cavalière ont conservé leurs points du dressage grâce à un double sans-faute dans le temps au cross et à l’hippique. 

“Nous avons grandi ensemble pour parvenir à cette osmose”

La pensionnaire du Pôle France FFE de Saumur évoque l’histoire singulière qu’elle partage avec son cheval fétiche. “Il a un cœur fantastique, je sais qu’il ferait tout pour moi. Cependant, il lui a fallu m’accorder sa confiance. Nous avons grandi ensemble pour parvenir à cette osmose.” Acheté à une cavalière Amateure alors qu’il avait neuf ans, César, issu de l’élevage de Pascal Forabosco, ancien entraîneur et sélectionneur national des équipes de France Jeunes, avait peu couru, bien qu’ayant été initié par le médaillé olympique Stéphane Landois. “C’est Pascal qui nous a soufflé son nom. Et dès les deux premiers sauts, j’ai su que c’était lui. Le coup de cœur a été immédiat”, sourit-elle, avant de nuancer: “Il m’a fallu un peu de temps pour me caler avec lui parce qu’il a beaucoup de force, ce qui fait aussi sa qualité. Je me suis fiée à mes sensations. À pied, il est taquin, hyper expressif, très en demande, ce qui m’a plu dès le départ.”

Depuis le début de l’année, Alizée s’entraîne sous la direction d’Arnaud Boiteau au sein d’un Pôle France réorganisé. “Son regard extérieur a apporté une vraie fraîcheur à mon quotidien, dans le sens où il ne connaissait ni mon cheval ni moi.” Comme en 2024 avec Philippe Mull, elle est aujourd’hui suivie au quotidien par le champion olympique par équipes de 2004. Cette saison, “l’objectif est de monter en puissance et de faire mieux que l’an dernier. Je pense que nous avons les moyens de viser une médaille individuelle aux championnats d’Europe”, envisage-t-elle.

Rendez-vous en CCI 4* en 2026?

Avant de repartir à Strzegom, où les Européens sont programmés du 20 au 24 août, le couple participera au Relais du complet, nouvelle épreuve d’exhibition organisée au Jumping de La Baule, le samedi 7 juin à 19h55, avec le soutien de Forestier Sellier: “Ce sera une découverte pour nous deux. Nous risquons d’être un peu émus, mais je sais que mon cheval sera à l’écoute dès que nous nous élancerons sur le parcours.” Ils participeront ensuite à la sélection fédérale organisée lors du CCI 3* de Marnes-la-Coquette mi-juillet. Après le sommet polonais, une dernière sortie est envisagée au CCI du Pouget, “mais rien n’est encore décidé”, tempère-t-elle.

Patiente et lucide, Alizée se projette à plus long terme. Toujours Jeune Cavalière en 2026, elle sourit à l’idée d’un triplé national… et même d’un quadruplé familial, après la victoire de sa sœur Jade en 2023. “En 2026, l’objectif serait de retenter le championnat de France. Un triplé? Ce serait incroyable...” Au-delà, elle envisage de lancer César au niveau 4* puisqu’il “a tout ce qu’il faut pour le haut niveau. En tout cas, il poursuivra sa carrière avec moi.” Le hongre n’ayant que treize ans, le couple a du temps devant lui, mais la jeune femme pense déjà à sa relève. En parallèle, elle poursuit sa formation: après le BP JEPS obtenu en 2024, elle passera son DE JEPS en 2026 à Saumur. Comme sa sœur, elle envisage une expérience à l’étranger, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, “pour me perfectionner”, avant, peut-être, de s’installer avec Jade dans leurs propres installations. “Cela fait partie de nos projets”, conclut-elle, le sourire dans la voix.