Le Club des cavaliers de jumping livre son cahier de doléances à la Fédération équestre internationale
Hier, le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles a dévoilé ses propositions de modifications du règlement général de la Fédération équestre internationale (FEI), du règlement vétérinaire et du format olympique, sans oublier les changements qu’il souhaite voir advenir dans le règlement de saut d’obstacles, qui fait l’objet d’une révision quadriennale en 2025. Une session sera consacrée à celle-ci lors du Forum des sports de la FEI, lundi, à Lausanne.
Les règlements de chaque discipline régie par la Fédération équestre internationale (FEI) font l’objet d’une révision globale quadriennale, et en 2025, c’est au tour de celui de saut d’obstacles de connaître ce processus. Cette année, aucune contrainte ne pèse donc sur les suggestions émanant des fédérations nationales et parties prenantes de la FEI. Logiquement, le Club des cavaliers internationaux de jumping (IJRC) a donc soumis un grand nombre de propositions de modifications de cet ensemble de règles, mais aussi des règlements vétérinaire, général, et du format olympique édités par la FEI. En effet, les autres règles sportives qui ne font pas l’objet d’un examen périodique peuvent tout de même être modifiées dans des conditions particulières, par exemple en cas d’urgence liée au bien-être des chevaux ou pour corriger des incohérences. Si elles étaient acceptées par l’instances, ces mises à jour entreraient en vigueur en 2026. “L’IJRC demande en particulier une approche plus équitable des sanctions dans les cas où il n’y a manifestement pas d’intention d’enfreindre les règles, tout en reconnaissant que le bien-être du cheval est primordial”, introduit le Club en amont du Forum des sports de la FEI, où une session sera consacrée à la révision du règlement de jumping, lundi prochain à Lausanne. L’IJRC sera représentée durant toute la durée de ce Forum par sa directrice Eleonora Ottaviani, ainsi que son président, François Mathy Jr., et se dit “prêt à participer activement aux discussions”.
Un “appel à la proportionnalité” concernant les éliminations
Depuis l’édition de Tokyo, tenue en 2021, il n’y a plus de score biffé dans les épreuves équestres par équipe aux Jeux olympiques. De ce fait, tous les scores comptent, et l’élimination d’un couple entraîne celle de son collectif tout entier. Ainsi, l’été dernier à Versailles, la présence mineure de sang sur un flanc de Nimrod de Muze, le cheval de Pedro Veniss, a conduit à l’élimination sans appel possible de l’équipe brésilienne de saut d’obstacles dans la compétition olympique par équipes. L’IJRC estime cette conséquence disproportionnée, et demande que l’Article 241.3.30 du Règlement de saut d’obstacles de la FEI offre “une plus grande discrétion dans le cas de la découverte d’une trace de sang mineure sur les flancs d’un cheval”. L’organisation se dit “préoccupée par le fait que les éliminations, quelle qu’en soient les raisons, sont de plus en plus souvent interprétées à tort par le public comme étant la conséquence d’un problème de bien-être, ce qui est catastrophique pour l’image du sport”. Par conséquent, le Club suggère “que la disqualification ne puisse être conseillée par le vétérinaire officiel que dans le cas où il y a, par exemple, des traces de sang visibles sur les flancs et causées par un usage excessif des éperons, et que le saignement persiste après que l’endroit a été essuyé. Dans ce cas, il est essentiel que le mot ‘élimination’ ne soit plus utilisé, mais que la mention ‘non classé’ apparaisse dans les résultats du cheval.”
Pour l’IJRC, si du sang est détecté, la différence doit être clairement établie entre “microlésions accidentelles, blessures accidentelles, lésions causées par un acte inapproprié du cavalier ou acte de maltraitance. Une élimination pour avoir abusé d’un cheval ou avoir commis des actes inappropriés doit être prononcée par les officiels. Dans le cas de microlésions ou de blessures accidentelles, un vétérinaire devrait établir si la lésion est source de souffrance et si elle est d’un type qui doit mener à l’élimination ou la disqualification immédiate du couple. […] L’IJRC demande également qu’une micro-présence de sang n’entraîne plus une élimination, mais la recommandation d’un avertissement. Un deuxième avertissement reçu sur une période de douze mois entraînerait l’attribution d’un carton jaune, et un troisième pourrait mener à une sanction plus lourde. Le Club propose aussi qu’il ne soit plus permis d’appuyer une pression sur les flancs d’une manière qui cause un saignement supplémentaire. L’officiel qui mène le contrôle devrait uniquement placer sa main gantée sur la lésion sans pression.” “L’un des principes fondamentaux du droit établit la proportionnalité entre violation de la norme et sanction, et ce principe n’est actuellement pas pris en compte dans nos règlements”, considère l’IJRC. “En vertu de celui-ci, une micro-lésion ne causant aucune souffrance au cheval, ou une micro-marque, ne peuvent pas être considérées de la même manière qu’une lésion causée par l’utilisation excessive des éperons, ou par la maltraitance du cheval.”
“La réécriture de l’article 241.1 du règlement de jumping, qui permet au jury de terrain d’éliminer n’importe quel couple semblant dans une situation incertaine durant son parcours, est une proposition supplémentaire améliorant la proportionnalité de la peine”, poursuit le Club des cavaliers. “Dans une situation douteuse ou peu claire, le président du jury doit permettre au cavalier de terminer son parcours. Cela permet de s’assurer que les images issues des vidéos officielles ou d’autres technologies puissent être utilisées ensuite afin de déterminer si l’athlète doit être éliminé ou non, et d’éviter des erreurs telle que celle qui s’est produite en finale de la Coupe du monde en 2024”, où concernant Kevin Staut et Visconti du Telman avaient été éliminés lors de la Chasse. L’IJRC a également soumis une proposition visant à réintroduire un jury d’appel pouvant annuler les décisions du jury de terrain, au moins lors des événements majeurs tels que les championnats.
Scores biffés et Jeux olympiques
L’IJRC, soutenant la position de nombreux cavaliers, s’est toujours opposé au passage à des équipes de trois cavaliers et à la suppression du score biffé aux Jeux olympiques. Considérant que la suppression de ce drop score est “défavorable aux chevaux et va à l’encontre de leur bien-être”, le Club ne demande toutefois plus le retour au format précédent. “Pour le bien-être des chevaux, les cavaliers souhaiteraient avoir la possibilité d’abandonner au moindre problème sans causer l’élimination de leur équipe”, peut-on lire dans son communiqué. “Il semble donc correct de réinstaurer un format à quatre cavaliers en première manche aux Jeux olympiques. […] Cette formule (où seuls trois cavaliers seulement s’élanceraient au second acte, ndlr) a déjà cours en Ligue des nations Longines et s’est montrée attractive à la fois pour le public et les téléspectateurs.” Attendant une proposition du comité de saut d’obstacles de la FEI, l’IJRC note aussi que le format actuel “donne un avantage injuste aux cavaliers disputant uniquement la compétition individuelle (car celle-ci se tient désormais à nouveau après celle par équipes, ndlr). Les individuels attendent avec des chevaux frais, alors que ceux engagés par équipes ont déjà sauté deux manches […]. De fait, les cavaliers ne faisant partie d’aucun collectif devraient sauter au moins une autre compétition avant de s’élancer dans la compétition individuelle.”
Le contrôle du serrage des muserolles
L’introduction par la FEI d’une jauge pour contrôler le serrage des muserolles à partir du 1er mai a suscité de grands débats lors de la dernière assemblée générale de l’IJRC, à Genève, en décembre dernier. L’IJRC suggère une nouvelle formulation de l’Art. 1044.8 du règlement vétérinaire de la FEI, exigeant que les contrôles de la muserolle soient effectués avant l’épreuve et la détente, et non après. “Si un contrôle est effectué après la compétition, l’athlète doit être autorisé à effectuer un contrôle avant”, écrit aussi l’IJRC. “Surtout, l’outil ne doit pas être utilisé sur tous les chevaux, mais uniquement lorsque l’officiel de la FEI a des doutes.”
Invitations en concours
Enfin, l’IJRC a émis des suggestions “afin d’offrir plus de chances aux jeunes cavaliers de concourir à haut niveau, et de limiter les coûts toujours croissants pour les participants et les organisateurs.” Le club souhaite introduire une invitation FEI supplémentaire pour un cavalier de moins de vingt-cinq ans remplissant les conditions requises lors des CSI 4* et 5*. En CSIO 4* et 5*, un cavalier de moins de vingt-cinq ans pourrait être invité par l’organisateur indépendamment de sa nationalité.
En outre, selon les souhaits de l’IJRC, lorsqu’un pays n’organise pas d’étape de la Coupe du monde, la taille de sa population ne devrait plus faire partie des critères de participation aux qualificatives de la série pour ses athlètes. Le Club considère que les étapes devraient être ouvertes aux nations comptant au moins un cavalier dans le top soixante, ou bien deux athlètes parmi les deux cents meilleurs du classement mondial Longines.
L’IJRC est aussi favorable à une réduction de la dotation obligatoire des épreuves dans les pays où l’inflation est élevée et qui connaissent de graves difficultés économiques. Il souhaite que le cavalier classé treizième reçoive également une partie de la dotation là où le nombre habituel de couples récompensé s’élève à douze, notamment dans les Grands Prix comptant cinquante partants. D’ailleurs, le Club souhaiterait également que dans tous les Grands Prix en deux manches, l’ensemble des cavaliers ayant conclu le premier acte sans pénalité puisse s’élancer dans le second. Enfin, l’organisation réclame que les frais supplémentaires demandés aux cavaliers lors des CSI soient conformes à la liste approuvée par lui-même, la FEI, l’Association des organisateurs de jumping et celle des organisateurs européens.