Jiva Hill entend offrir le même luxe aux chevaux qu’aux humains (2/2)

Du 26 au 31 août prochains, les écuries Jiva Hill de Crozet accueilleront les premiers championnats d’Europe de dressage Seniors jamais tenus en France. Etienne Zeller président du comité d’organisation, raconte l’histoire de ce complexe situé au pied des montagnes et accueillant notamment une écurie principalement tournée le dressage. Bien conscients des enjeux liés au bien-être animal qui animent actuellement la discipline avec Cassandre Allainguillaume, la directrice des futurs Européens, tous deux se veulent résolument ouverts sur ce sujet.



Etienne Zeller est le président du comité d’organisation des Européens de Crozet

Etienne Zeller est le président du comité d’organisation des Européens de Crozet

© Jiva Hill Stables

La première partie de cet article est disponible ici

Situé au pied de la réserve naturelle nationale de la Haute-Chaîne du Jura, le site de Jiva Hill n’avait, initialement, rien à voir avec une quelconque activité équestre. En effet, c’est d’abord un plan d’eau artificiel destiné au ski nautique qui y a été aménagé. “Ian et Virginia Lundin (les propriétaires du complexe, ndlr) y pratiquaient cette activité, et ont fini par acheter la propriété située autour du lac, celui-ci ne faisant toutefois pas partie de Jiva Hill”, narre Etienne Zeller, président du comité d’organisation des championnats d’Europe de dressage Seniors 2025. “D’abord, ils y ont construit des écuries pour leur usage personnel. Ensuite, l’hôtel est né en 2007, puis un golf de neuf trous a suivi.” Aujourd’hui, les écuries accueillent vingt-cinq chevaux en pension, mais aussi la cavalière professionnelle Elsa Maulet. Celle-ci a notamment mené Bellini Jiva (Han, Benicio x Scolari) à la victoire en finale du Cycle classique de dressage à cinq et six ans, en 2021 et 2022, ainsi que Zubito Jiva (Westph, Zoom x Floriscount) au bronze lors du même championnat de France des jeunes chevaux à quatre et cinq ans, en 2023 et 2024. En 2022, Louis Jiva (Westph, Libertad x Don Crusador) avait aussi terminé troisième de la finale des équidés de six ans avec la cavalière. “Notre but final sera peut-être de vendre un ou deux chevaux, mais pour l’heure, nous sommes bien meilleurs acheteurs que vendeurs”, sourit Etienne Zeller. “Nous avons la chance de ne pas être sous pression financièrement.” 



Le bien-être, un sujet important

Cassandre Allainguillaume est la directrice du comité d’organisation des championnats d’Europe

Cassandre Allainguillaume est la directrice du comité d’organisation des championnats d’Europe

© Jiva Hill Stables

En marge de la construction de ses équipements, Jiva Hill a été embelli grâce à la plantation de nombreux arbres, qui ont aussi un intérêt écologique. Dans un objectif de durabilité, le chauffage de l’hôte et de sa piscine sont désormais assurés grâce à la géothermie, et les équipes “travaillent à un projet d’installation de panneaux solaires sur l’ensemble des toitures des écuries. Nous avons aussi mis en place un système de recyclage des eaux pluviales pour l’arrosage de nos carrières et de la végétation. À l’heure actuelle, nous avons une cuve de sept millions de litres d’eau, qui nous permet de faire le plein en période hivernale, et donc de moins utiliser les sources qui passent sur la propriété. Je sais que certaines personnes considèrent qu’il ne faut surtout pas bâtir de grandes retenues d’eau, car cela assècherait les nappes phréatiques. De notre côté, nous sommes partis d’un postulat différent, à savoir que les pluies sont beaucoup plus violentes et soudaines qu’auparavant, donc elles n’ont de toute façon pas le temps de s’infiltrer dans le sol. Nous, nous arrivons à collecter l’eau en très peu de temps, et nous la redistribuons justement dans nos terres, donc je pense que nous aidons l’environnement en faisant cela.”

Si la gestion de l’eau est devenue un enjeu crucial pour toute structure équestre en raison du dérèglement climatique, un autre aspect des sports équestres a gagné en importance ces dernières années: le bien-être des chevaux. “C’est un sujet important pour nous”, appuie Etienne Zeller, lui-même cavalier de dressage. “Nous sommes passionnés par l’équitation, les chevaux et leur bien-être. Je dis souvent que mon cheval vit dans un hébergement 5*, contrairement à moi, et qu’il voit plus souvent des professionnels de santé que moi. Dans le climat actuel et à l’aune de nos championnats d’Europe, nous avons envie d’expliquer le quotidien de nos partenaires équins, qui sortent au parc, en balade, et pratiquent des activités variées.” “Lors de nos événements, nous tâchons d’agrandir la zone FEI au maximum afin de laisser plus de place aux chevaux pour circuler en dehors de leur box”, poursuit Cassandre Allainguillaume, directrice de l’organisation des prochains championnats d’Europe. “Cela permet aussi aux soigneurs de les faire brouter sans aucun souci. En outre, pour les Européens, nous installerons des boxes plus grands qu’auparavant, d’au moins trois mètres par quatre. Nous aimerions aussi avoir un dialogue avec les chefs d’équipe pour rappeler toutes les bases élémentaires, et nous pourrons compter sur de nombreux commissaires au paddock. La FEI nous aide beaucoup à envisager toutes les pistes d’amélioration possibles.” 



“Nous sommes aussi convaincus des bienfaits d’une meilleure information du public”, Etienne Zeller

Pour cause, après avoir convoqué une réunion des parties prenantes du dressage en ses quartiers généraux de Lausanne à l’automne 2024, l’instance a dédié un temps à la discipline lors de son assemblée générale, en novembre, et créé un groupe de travail devant établir une stratégie pour le futur du dressage. Organiser des championnats d’Europe dans un tel contexte pourrait susciter des craintes, mais cela n’est pas le cas pour les équipes de Jiva Hill. “Nous sommes très ouverts et recevons volontiers les critiques”, considère Etienne Zeller. “Nous sommes aussi convaincus des bienfaits d’une meilleure information du public, ainsi que de la nécessité d’écouter les vétérinaires et autres experts. Nous devons nous servir de leurs recommandations pour évoluer. Le pire que l’on puisse faire est de décréter tout de go que les personnes émettant des critiques sur notre sport ont tort, a fortiori à notre époque, où la planète ne cesse de se polariser, avec des extrêmes qui ne communiquent plus. Les réseaux sociaux contribuent à cela, car leurs algorithmes nous mènent à ne voir que des choses en accord avec notre pensée ou presque. Nous ne voulons surtout pas restreindre l’accès à notre événement aux observateurs critiques de notre sport.”

Toutes les informations sur l’événement ainsi que la billetterie sont accessibles ici