Simon Delestre refait du Grand Palais son jardin parisien

En sport, et tout particulièrement en saut d’obstacles, il ne suffit pas d’être favori pour gagner. Cet après-midi au Grand Palais, Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper faisaient assurément partie des favoris à la victoire dans le Grand Prix de la quinzième édition du Saut Hermès. Dimanche dernier, le Lorrain et le Selle Français de treize ans par Hickstead et une mère par Quincy avaient remporté le Grand Prix du CSI 5* de Bois-le-Duc, étape néerlandaise du Grand Chelem Rolex, en signant le seul et unique double sans-faute de l’épreuve. Ils étaient donc en forme. De plus, Simon Delestre était motivé. Le jeune quadra l’est toujours et en tout lieu, comme le savent tous ses fans. Mais il l’était plus encore pour cet événement, dont il avait déjà gagné deux fois le Grand Prix, en 2018 et 19 avec Hermès Ryan des Hayettes, ce que Pascal Boutreau retrace avec passion dans le dernier épisode de Légendes cavalières, le podcast de GRANDPRIX. Associé à la maison Hermès depuis 2011, l’ancien numéro un mondial s’attache chaque année à honorer la générosité de ce partenaire de prestige. Ce soir, les deux parties ont quitté le Grand Palais comblées par cette édition marquant le retour de l’événement sous la plus belle de toutes les nefs. De fait, c’est la troisième victoire consécutive de Simon en ces lieux. Chapeau.

Cinquante couples ont pris part à cette épreuve à 1,60m dont le parcours avait été imaginé par le maestro espagnol Santiago Varela Ullastres. Un parcours au niveau d’un tel défi. Un parcours respectueux des chevaux, mais vraiment exigeant pour des cavaliers de niveaux très divers, entre le Suisse Martin Fuchs, quatrième au classement mondial Longines, et la jeune Turque Alessia Arrigo Zazadze, 2154^e avec seulement trente points inscrits ces douze derniers mois. Outre Daniel Deusser, qui n’est finalement pas parti avec Gangster van het Noddevelt, on a compté pas moins de douze abandons, soit près d’un quart des partants. Et finalement, il y a eu neuf sans-faute, une proportion idéale, trois tours à un point et seulement onze autres pénalisés de moins de huit points. Chapeau.

Des quinze Français au départ, seuls deux se sont qualifiés pour le barrage. Grégory Cottard, qui n’a renversé que la toute dernière barre du parcours, Cédric Hurel, battu sur l’oxer 9 placé après un regardant mur, et Mégane Moissonnier, surprise sur le vertical 11 hissé après un virage à droite à 250° frôlant l’entrée de piste, ont concédé quatre points sur Cocaïne du Val, Fantasio Floreval et Crooner Tame. Philippe Rozier, ouvreur inspiré de ce Grand Prix, en a engrangé cinq, renversant le 7a, entrée du double de verticaux. Lalie Saclier, Nicolas Delmotte et Julien Épaillard sont sortis de piste avec huit points sur la vive J’Adore, la jeune Girl Queen du Forézan et le brillant Donatello d’Auge, dont on attendra forcément mieux en finale de la Coupe du monde Longines dans onze jours à Bâle. Trois fautes ont émaillé les tours de Julien Anquetin et Olivier Perreau sur Farah Tame et l’olympique Dorai d’Aiguilly*GL events, un peu atone ce dimanche. Inès Joly a fini avec dix-neuf points sur Imposant van de Renger, tandis que Titouan Schumacher, Jeanne Sadran et Roger-Yves Bost ont lâché l’affaire en cours de route avec Illusion, Dexter de Kerglenn, vainqueur hier du Saut Hermès, et Embassy du Château. À tous ceux-là, la saison extérieure offrira forcément des occasions de vivre de meilleurs dimanches.

Alexa Ferrer pas loin d’une première grande victoire

Quant au barrage de ce Grand Prix, il aurait pu être plié d’entrée, tant Robert Whitaker et Vermento ont su maîtriser l’exercice avec vista et sens du rythme. Le Britannique et son étalon familial en ont été récompensés d’une deuxième place. Victime d’un refus d’Enrico de la Pomme devant le vertical 11, qui demandait à nouveau un virage dur à négocier, la très compétitive Allemande Kendra Claricia Brinkop a fini neuvième. Très en verve, mais pas assez rapide au bout du compte, l’Autrichien Max Kühner s’est classé très bon troisième avec EIC Julius Caesar. Parti dans un parfait tempo, mais plus lent en fin de course, l’Allemand Christian Ahlmann a terminé quatrième avec Untouched LB, jeune et impressionnant étalon fils du crack United Touch S. Une faute sur l’oxer 12 et du temps dépassé ont relégué le Suisse Adrian Schmid et Chicharito 11, invités surprise de cette finale au chronomètre, au huitième rang.

Acclamés comme des rock stars, Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper savaient très bien ce qu’ils avaient à faire, et ils l’ont réalisé avec cran. Le Lorrain a pris un risque dans le virage décisif entre les obstacles 9 et 11. Nombre de chevaux de Grands Prix auraient calé devant l’effort à produire pour sauter ce vertical, mais son crack fait preuve d’une puissance absolument prodigieuse. Le couple a amélioré le temps de référence d’une demi-seconde, ce qui lui a donc “suffi” pour gagner. La redoutable Alexa Ferrer a coupé la ligne d’arrivée une demi-seconde plus vite encore sur l’éblouissante Vitalhorse Fleur d’Oz, mais la Normande n’a pas abordé avec suffisamment d’équilibre le 15, barres de Spa reconverties en vertical. Fautive sur ce dernier obstacle du barrage, elle a fini cinquième. Battu sur le 12, le Danois Andreas Schou s’est contenté de la septième place avec Darc de Lux, qui n’avait plus sauté une telle épreuve depuis près de dix mois. Dernier concurrent en piste, Grégory Wathelet est passé à deux centièmes d’égaler le temps de Simon et Cayman, et lui aussi a fauché le dernier, se classant sixième avec l’atypique Ace of Hearts.

Ainsi s’est achevée cette édition 2025 du Saut Hermès. Pour revoir des chevaux ravir le public dans cette enceinte de rêve, il faudra attendre un an… Vivement 2026!

Les résultats

Le parcours

Toutes les épreuves du Saut Hermès seront à revoir sur GRANDPRIX.tv
Le dernier épisode de Légendes cavalières est consacré à l’histoire de Saut Hermès au Grand Palais