“Je pense que le meilleur reste encore à venir”, Nathan Budd

Alors qu’il s’apprête à participer au Saut Hermès pour la quatrième fois de sa carrière, Nathan Budd semble plus motivé que jamais pour s’établir au très haut niveau. Avec de nombreuses performances jusqu’en Grand Prix 4* avec Touardo Blue (Z, Toulon x Arko III) le Belge espère bien encore progresser. À l’approche du concours à l’écrin d’exception, sous la verrière du Grand Palais, le cavalier du haras des Rosiers évoque ce rendez-vous, dresse un bilan de son année 2024 et liste ses prochains objectifs.



Vous travaillez depuis plus de dix ans avec le haras des Rosiers, à Nivelles, au cœur du Brabant Wallon. Quel regard portez-vous sur tout ce chemin parcouru?
Je pense que cela doit maintenant faire quatorze ans que je travaille avec le haras. C’est très positif, je suis content et assez fier de tout ce que nous avons construit, du chemin parcouru, et je remercie à ce titre mes propriétaires (Herik Duran et Chloé Quenon, ndlr), qui me soutiennent depuis toutes ces années. Ils ont cru en moi et en notre système ce qui commence à porter ses fruits. Il s’agit d’une belle réussite, d’une belle histoire. La première fois que nous sommes allés au Saut Hermès date d’il y a huit ans, pour les épreuves réservées aux cavaliers de moins de vingt-cinq ans. Je n’avais encore jamais évolué dans des épreuves organisées en parallèle d’un concours 5*. Il s’agit de la première belle victoire vécue avec le haras des Rosiers, donc j’aime particulièrement ce concours. 

Qu’avez-vous appris aux côtés du Brésilien Pedro Veniss, qui vous a conseillé, et en quoi son approche du sport a-t-elle façonné votre propre vision?
Je devais avoir seize ou dix-sept ans lorsque je l’ai rencontré. Avant de le connaître, je l’admirais déjà par rapport à son équitation et sa finesse, qui sont assez irréprochables. Lorsque j’ai eu la chance de travailler avec lui en plus de le connaître, il m’a vraiment donné l’envie de faire de l’équitation mon métier. J’y pensais, mais avant d’aller chez lui, je ne pensais pas que c’était possible. Pedro a une équitation très juste, avec un excellent style. Il se pose toujours les bonnes questions avec les chevaux, pour savoir comment ils peuvent davantage gagner dans le confort.

Vous avez connu une année 2024 marquante avec une médaille d’argent aux championnats de Belgique et une participation au CSI 5* de Genève. Qu’en retenez-vous?
Nous avons connu une saison assez extraordinaire, je pense que Touardo a vraiment pris de la maturité cette année et le travail a fini par payer. Avant le championnat de Belgique, il avait été sans faute et classé dans le Grand Prix du CSI 4* de Deauville (lors du Longines Deauville Classic 2024, ndlr), qui était déjà une belle première prestation. Ensuite il y a eu le championnat national, qui a donc été un boost. Il s’agissait d’un objectif que nous nous étions fixés, et le remplir a été une belle victoire en soi. Le lendemain, je me suis dit que c’était super d’être vice-champion de Belgique mais qu’il fallait savoir en tirer parti, en sachant que faire ensuite. Il est toujours possible d’aller un peu plus loin, et j’ai voulu établir un plan. J’ai donc discuté avec Peter Weinberg (sélectionneur national de l’équipe belge de saut d’obstacles, ndlr), qui m’a permis de courir les deux premières étapes de la Coupe du monde, à Oslo et Helsinki. J’ai aussi eu la chance qu’Alban Poudret (directeur sportif du mythique Concours hippique international de Genève, ndlr) me donne l’opportunité de concourir à Genève. 2024 était vraiment une magnifique saison, pour autant, je pense vraiment que le meilleur reste encore à venir. Depuis le mois de septembre, Touardo a encore progressé et il a une grande marge de progression. J’ai par ailleurs d’autres très bons chevaux qui arrivent derrière lui, je pense donc que nous sommes en bonne voie avec une structure qui tient vraiment la route. J’ai actuellement le meilleur piquet de chevaux depuis le début de notre histoire avec la haras des Rosiers, et je pense que ce dernier est vraiment très intéressant pour évoluer à haut niveau.

Ce week-end, vous participez au Saut Hermès. Comment abordez-vous ce concours, que vous affectionnez particulièrement?
Le Saut Hermès est toujours un concours assez particulier pour moi. Celui-ci est organisé par Sylvie Robert (présidente de GL Events Equestrian Sport, ndlr) et ses équipes. Sylvie est l’une des premières personnes qui m’a fait confiance il y a quelques années en me donnant l’opportunité de monter dans les concours qu’elle organise. Elle m’a donné mon premier accès en CSI 5*, au Saut Hermès, où j’avais obtenu de bons résultats. J’avais alors été deuxième de l’épreuve majeure du vendredi (en 2018, avec Balder van de Katelijnkouter, BWP, Baloubet du Rouet x Orlando, ndlr). Après ce classement, nous avions vraiment signé un bon concours. Ces souvenirs resteront gravés à jamais dans mon esprit. Je pense que le fait d’avoir croisé le chemin de Sylvie Robert a changé ma carrière. Grâce à ces portes ouvertes, j’ai pris conscience que j’étais à la hauteur. J’ai alors tout mis en place pour y arriver et surtout pour perdurer. Quelques années plus tard, nous revenons, avec d’autres chevaux, et je nous pense plus forts qu’à l’époque. L’objectif est de me qualifier pour le Grand Prix et de bien y figurer. À plus long terme, j’aimerais me qualifier pour le Grand Prix d’au moins un des deux CSI 5* que je m’apprête à courir, celui du Saut Hermès ou celui du Printemps des sports équestres, à Fontainebleau. 



“Si les résultats suivent, la chance nous est donnée en Belgique”

Avec Touardo Blue Z, Nathan Budd espère continuer à progresser vers le haut niveau.

Avec Touardo Blue Z, Nathan Budd espère continuer à progresser vers le haut niveau.

© Dirk Caremans

Vous avez récemment participé au Sunshine Tour, à Vejer de la Frontera. N’est-ce pas particulier de sauter dans une grande piste en herbe, et puis de se retrouver à concourir sous la verrière du Grand Palais, en plein centre de Paris?
C’est la réflexion que l’on peut se faire, en effet. C’est sûr que la piste du Sunshine Tour est très grande, elle est fantastique et convient très bien à Touardo, qui avait d’ailleurs terminé quatrième de l’un des Grands Prix du CSI 4* (le 9 février, ndlr). Je n’oublie pas qu’il a concouru à Helsinki, où la piste est encore plus petite qu’au Grand Palais, et où il avait bien sauté. Il a pris beaucoup de maturité et d’expérience donc je ne pense pas que la taille de la piste va nous poser problème. En plus de ça, la verrière du Grand Palais fait que le concours est très bien éclairé et les chevaux y sautent plutôt bien. De plus, les chefs de piste (Santiago Varela et Grégory Bodo, qui ont déjà officié en duo aux Jeux olympiques de Paris, ndlr) font de bons parcours et donc la piste ne paraît pas si petite. Aussi, je suis à un moment de ma carrière où je n’ai pas encore accès à tous les 5* de la planète, donc quand les portes me sont ouvertes pour l’un d’entre eux, je mets toutes les chances de mon côté pour y aller et y performer. C’était impensable pour moi de na pas participer au Saut Hermès.

Votre cheval de tête Tourado semble de plus en plus performant à très haut niveau, notamment depuis votre titre de vice-champion de Belgique, en septembre, à Lanaken. Quels sont vos objectifs à court terme avec lui?
Ce qui est sûr, c’est que nous allons participer au CSI 3* du Compiègne Classic afin de sauter à nouveau à l’extérieur. Après cela, il aura deux semaines de pause avant de sauter au CSI 5* de Fontainebleau, dans le cadre du Printemps des sports équestres (également organisé par les équipes de GL Events). Pour la suite de la saison, le programme va dépendre des résultats et des opportunités que se présenteront. Aujourd’hui, je pense que j’ai un bon cheval avec lequel nous avons notre place à haut niveau. Pour autant, je dois encore prendre de l’expérience. Je pense qu’à moyen terme, nous pourrons nous ancrer davantage à ce niveau.

Sur le plus long terme, envisagez-vous de participer à des Coupes de nations ou comptez-vous dédier davantage de temps aux jeunes chevaux?
Je pense en effet qu’il est important de dédier de l’énergie aux jeunes chevaux, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le haras des Rosiers est un élevage, et qu’il faut donc former les chevaux produits. Ensuite, il est de plus en plus dur de trouver de bons chevaux. Personnellement, j’ai la chance d’avoir un propriétaire qui élève très bien, le lot de chevaux est meilleur d’année en année, et pour moi, il est important de garder un œil sur eux et de continuer à former et monter de jeunes chevaux. J’ai vraiment la chance de compter sur une super équipe autour de moi. Je reconnais que maintenant, je supervise davantage la formation de ces jeunes pousses. Pour autant, je veux garder une implication dans leur évolution et je monte tout de même encore des chevaux de quatre et cinq ans, ce pour quoi j’éprouve beaucoup de plaisir. Mon objectif et mon rêve est de concourir à haut niveau tous les week-ends, mais je ne veux quand même pas tomber dans le piège de me consacrer uniquement à cela, sans prendre de temps pour les jeunes. C’est aussi pour cela que je considère qu’il est important d’avoir une structure et un système qui englobe le haut niveau et la formation des jeunes chevaux pour le futur. Par rapport aux Coupe des nations, j’espère avoir l’opportunité de pouvoir en faire, mais je reste conscient que j’ai encore besoin d’engranger de l’expérience à ce niveau et dans ce type d’épreuves. Touardo a montré qu’il sait répéter les parcours sans faute, notamment à Vejer de la Frontera, où la piste ressemble à celles de Rome ou La Baule.

La Belgique regorge de couples performants à haut niveau, n’est-ce pas difficile de se faire une place parmi tous ces cavaliers?
Il est vrai que la Belgique est un pays possédant beaucoup de très bons chevaux et les sélections ne sont donc jamais évidentes. C’est sûr qu’il faut se faire sa place, mais pour autant, je pense que si les résultats suivent, la chance nous est donnée.



“Je pense que Coldplay est un extraterrestre”

Pourriez-vous évoquer les autres chevaux qui composent votre écurie ? Quels sont vos objectifs avec eux?
Concernant Coldplay (des Rosiers, Z, Cornet Obolensky x Heartbreaker, ndlr), je pense vraiment qu’il est un extraterrestre ; j’ai rarement eu un cheval comme lui dans mes écuries et j’ai de grands objectifs avec lui. Je pense d’ailleurs qu’ils vont bien se compléter avec Touardo. Coldplay est un cheval particulier pour plusieurs raisons et j’essaie donc d’arriver au haut niveau à son rythme. Je ne pense pas qu’il faut travailler les chevaux en fonction de leurs objectifs, je les fixe en fonction de leur forme physique. À Vejer de la Frontera, j’ai senti qu’il était prêt pour le haut niveau et c’est pourquoi je l’ai engagé au Saut Hermès ce week-end. Après ce concours, il sautera aussi à Compiègne Classic et à Fontainebleau. Le but est de le laisser arriver à maturité et j’espère qu’il pourra s’élancer dans le championnat de Belgique en fin d’année pour viser des Grands Prix 5* en 2026. Je ne lui mets toutefois pas de pression. Comme je l’ai dit, j’ai la chance d’avoir un super propriétaire qui me fait confiance et qui me laisse le temps de permettre aux chevaux de progresser sans pression. Je monte aussi Ely (des Rosiers, Z, Emerald x Thunder vd Zuuthoeve, ndlr) et H’aubigny (de Talma, SF, Ogrion des Champs x Kashmir van Schuttershof, ndlr) qui sont aussi fantastiques. Ce sont des chevaux de huit ans, tous les deux qualifiés et sans faute dans Grand Prix de leur catégorie d’âge au Sunshine Tour. J’ai aussi une jument de sept ans, Close Call (NH, Z, Cashpaid J&F x President, ndlr), que je considère comme une petite machine de guerre. Et j’ai toujours Cadix (des Rosiers, ndlr), notre jument de cœur, que j’ai commencé à monter dès mon arrivée au haras des Rosiers. Avec elle, nous avons créé une relation extraordinaire, et elle m’a permis de vivre toutes mes premières fois de cavalier. Je voudrais la garder et je pense faire quelques concours avec elle, tout en la préservant. Elle et Balder resteront les chevaux qui ont marqué ma jeune carrière, et qui m'ont propulsé. Sans eux, l’histoire n'aurait pas été la même.

Toutes les épreuves du Saut Hermès seront retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv

Le dernier épisode de Légendes cavalières est consacré à l’histoire de Saut Hermès au Grand Palais



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