“Tout le monde sait à quel point il est difficile de gagner une étape du Grand Chelem, alors deux de suite…”, Harrie Smolders
Cet après-midi, Harrie Smolders sera l’un des cavaliers les plus attendus dans le Grand Prix du CSI 5* de Bois-le-Duc. Très attaché à ce Dutch Masters, où il venait admirer l’équitation et les chevaux des plus grands cavaliers quand il était enfant, le Néerlandais tentera de remporter une deuxième étape consécutive du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles. Comme à Genève, où il avait enfin achevé son incroyable série de deuxièmes places, l’ancien numéro un mondial misera sur le génial Monaco. Il se confie avant ce premier sommet de son année 2025.
Vous êtes l’actuel prétendant au Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles à l’occasion du Dutch Masters, chez vous aux Pays-Bas. Que cela représente-t-il pour vous?
Le Dutch Masters est toujours un concours très particulier aux yeux des Néerlandais, parce que c’est l’un des Majeurs du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles, mais il a également une signification personnelle pour moi qui venais voir les cavaliers internationaux se produire ici lorsque j’étais enfant. C’est cette expérience qui m’a donné envie de devenir cavalier de saut d’obstacles. Et aujourd’hui, c’est à notre tour d’inspirer la nouvelle génération.
C’est la première fois que je suis prétendant au Grand Chelem. Le Grand Prix Rolex du CHI de Genève en décembre a marqué ma première victoire dans un Majeur. Après cela, il y a forcément plus d’attention braquée sur soi, et donc plus de pression. Tout le monde sait à quel point il est difficile de gagner un Majeur, alors deux de suite... Quant au triplé, ce serait un exploit extraordinaire d’y parvenir: ce n’est pas pour rien que cela n’est arrivé qu’une seule fois dans le passé. Je suis très fier d’avoir le Grand Prix de Genève à mon palmarès, et j’ai hâte de défendre mes chances au Dutch Masters.
En parlant de votre victoire à Genève, pouvez-vous parler de votre entrée sur la piste, lors du barrage que vous aviez été le premier à affronter?
D’habitude, il n’est pas idéal de s’élancer en premier au barrage. Mieux vaut attendre un peu pour savoir exactement le score à faire et le chrono à battre. À Genève, nous affrontions les meilleurs couples au monde. Je savais donc dès le départ que j’avais intérêt à réussir une prestation rythmée et sans faille. J’ai eu la chance que cette stratégie fonctionne. Ensuite, il a été éprouvant de regarder les autres passer. Il est rare de s’élancer en premier au barrage et de finir par gagner un Grand Prix de cette envergure. On ne peut jamais savoir ce qui va se passer quand on a des cavaliers et chevaux de cette trempe derrière soi.
Pour concourir à un tel niveau, il faut une relation très spéciale avec son cheval. Comment faites-vous pour construire et entretenir ce type de lien?
Je monte Monaco depuis qu’il a sept ans, alors nous nous connaissons par cœur. Nous sommes très liés et avons régulièrement fait preuve de bons résultats ensemble. Il a joué un énorme rôle au sein de l’équipe néerlandaise lors des championnats et en finale de la Coupe du monde: quand on a besoin de lui, il est toujours au rendez-vous. Tout au long de sa carrière, il a fait preuve d’une forme constante et il est vraiment fiable. En plus, il sait reconnaître les moments où il faut réussir une grosse performance.
Est-ce que vous essayez de développer ces qualités chez vos jeunes chevaux?
Chaque cheval est unique et nécessite une approche adaptée. Leur préparation diffère donc selon les cas. Personnellement, j’essaie de prendre avec chaque cheval des scénarios qu’il puisse reconnaître, afin de pouvoir les recréer à souhait.
“C’est sa volonté de travailler qui fait de Monaco un cheval à part”
Pouvez-vous décrire Monaco? Qu’est-ce qui fait de lui un cheval à part?
Monaco est très intelligent et a toujours beaucoup d’énergie. Avec l’âge, il a continué de se bonifier et a toujours autant l’air de vouloir s’améliorer. C’est une qualité que j’ai rarement rencontrée parmi tous les chevaux que j’ai pu monter dans ma carrière. C’est cette volonté de travailler qui fait de lui un cheval à part. Il a naturellement un physique athlétique accompagné d’un esprit espiègle. À la maison, il sait parfaitement où se trouve la boîte à friandises et quel groom se laissera soudoyer. Il s’est souvent classé deuxième place au cours de sa carrière, ce qui fait qu’au CHI de Genève, mes collègues, mes grooms et toute mon équipe tenaient vraiment à le voir gagner. Nous voulions vraiment que ce cheval très spécial, que nous affectionnons tout particulièrement, remporte cette victoire méritée.
Chacun des Majeurs du Grand Chelem présente des difficultés différentes et a sa propre ambiance. Lequel a votre préférence?
Ces quatre concours sont incroyablement prestigieux et jouissent d’une longue tradition. C’était déjà une énorme réussite pour moi d’en gagner un seul. Comme pour tout cavalier néerlandais, le Dutch Masters de Bois-le-Duc est le Grand Prix Rolex que je rêve de gagner. Cela étant, j’aimerais aussi remporter le Grand Prix de n’importe quel Majeur. Le CHIO d’Aix-la-Chapelle et le CSIO 5* du Spruce Meadows Masters sont toujours sur ma liste!
On vous a souvent vu sur les podiums au plus haut niveau, et à cinq occasions sur celui d’un Majeur du Grand Chelem. Comment faites-vous pour parvenir à des résultats aussi réguliers?
Il est d’abord essentiel d’être bien entouré. La régularité des résultats ne provient pas seulement de votre façon de préparer les chevaux, mais des actions et décisions des propriétaires et de tous les membres de l’équipe. Les écuries Evergate et Copernicus me soutiennent depuis de nombreuses années et me permettent ainsi de me focaliser entièrement sur mon travail de cavalier. Il faut aussi savoir être à l’écoute de son cheval et se montrer patient; lorsqu’on sait patienter jusqu’à ce qu’il soit prêt, c’est là qu’il vous montre vraiment de quoi il est capable.
À ce niveau, les séances d’entraînement sont primordiales. À quoi ressemble une journée typique pour vous et vos montures en phase de préparation pour un Majeur?
J’ai participé au CSI 5*-W de Göteborg il y a trois semaines. Après cela, les chevaux ont eu droit à quelques jours de repos. Nous les montons tout de même un petit peu chaque jour, sans forcer. Dans la semaine précédant l’événement, nous augmentons progressivement le rythme avec de petits obstacles et des séances de gymnastique. Le but est qu’ils arrivent au concours frais et reposés, tant physiquement que mentalement.
Vous évoluez au plus haut niveau depuis des années. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes cavaliers rêvant d’atteindre ce niveau?
Je leur déconseillerai de choisir une spécialité trop tôt, par exemple en se limitant au saut d’obstacles. Il est très important d’emmagasiner autant d’informations que possible sur les différents aspects du monde équestre. J’ai toujours tenu à cela. Un autre conseil serait d’apprendre en enseignant: en aidant les autres à renforcer leurs compétences, on s’améliore soi-même en tant que cavalier.
Que représenterait pour vous, votre équipe et votre parcours professionnel une victoire dans le Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc?
Remporter deux Majeurs de suite, c’est bien sûr entrer dans les annales du sport. Rares sont ceux qui y sont parvenus – Scott Brash et McLain Ward sont deux exceptions. J’aimerais beaucoup faire partie de la liste.
Revivez le barrage gagnant de Harrie Smolders et Monaco dans le Grand Prix Rolex de Genève