Belle de Muze HM, la fierté de l’élevage marocain
Née au Maroc, avec un affixe belge et concourant sous la bannière vénézuélienne aux États-Unis, Belle de Muze HM a une histoire pour le moins singulière. Alors qu’elle enchaîne les performances outre-Atlantique avec le Vénézuélien Luis Fernando Larrazabal, cette petite jument aussi attachante que talentueuse est la première née dans le pays de son naisseur à avoir atteint les minimas d’éligibilité requis pour les Jeux olympiques, auxquels elle n’a, cependant, pas pris part.
En moins d’un mois, du 29 janvier au 19 février, Belle de Muze a remporté trois épreuves à 1,45m au Winter Equestrian Festival de Wellington avec le Vénézuélien Luis Fernando Larrazabal. Si son “vrai” nom est bien Belle de Muze HM, c'est finalement sans les deux dernières initiales que la jument de quinze ans est donc connue aujourd’hui, celles-ci ayant été ôtées lors de son enregistrement auprès de la Fédération équestre internationale (FEI). Et si son affixe pourrait laisser penser qu’elle a vu le jour en Belgique, c’est bien au Maroc qu’elle est née, chez Hassan Medkal. Fille de l’étalon enregistré au stud-book estonien Ponsée V (A Pikachu de Muze x Cash), qui n’est autre qu’un petit-fils de Fragance de Chalusse, Belle de Muze a pour troisième mère Illico d’Arsouilles (BWP, Fleuri du Manoir x Childebert), qui n’est autre que la génitrice du champion du monde de Philippe Le Jeune, Vigo d’Arsouilles (BWP, Nabab de Rêve). Le naisseur de la baie, enregistrée au stud-book marocain des chevaux de sport, a lui aussi un pied dans le haut niveau, ayant été champion national dans son pays et l’ayant représenté en compétition internationale. Là où certains pensaient que l’élevage de chevaux de sport était impossible au Maroc, lui a toujours cru le contraire. Et Belle de Muze HM en est la preuve vivante. Son propriétaire, Driss Ngadi, est tombé sous le charme de la jument dès le premier regard. “Je montais sa mère et je voulais l’acheter, mais cela ne s’est pas fait”, explique-t-il. “Belle était alors toute petite et, lorsque j’ai vu ses origines, je me suis dit qu’au pire, elle pourrait devenir poulinière. Avec Hassan, nous nous connaissons depuis l’enfance, nous montions ensemble en compétition avant que je n’arrête à treize ans. Quelques années plus tard, nous nous sommes retrouvés, et il était devenu professionnel, ayant lancé son propre élevage. Nous partageons une passion commune pour cette activité et la génétique.”
Un début de carrière tardif
Belle de Muze HM n’a pas suivi un parcours classique. Débourrée à l’âge de six ans, elle n’a effectué ses débuts en concours qu’à neuf ans, et a très vite montré beaucoup de talent, d’abord sur des barres à 1,15 m. “Nous avons alors compris que c’était une bonne jument, mais vu son parcours, nous ne pouvions pas deviner jusqu’où elle pourrait aller”, raconte Driss Ngadi. De plus, la pandémie de Covid-19 a mis un temps d’arrêt à son ascension. Restée inactive pendant plus d’un an, elle n’a repris la compétition qu’à dix ans, et en l’espace de douze mois, elle est passée des compétitions à 1,15 m à celles à 1,45 m, et ce en faisant preuve d’une régularité impressionnante! Sensible et pleine de sang, Belle de Muze HM se donne toujours à 100 %. Aujourd’hui âgée de quatorze ans, elle est associée au Vénézuélien Luis Fernando Larrazabal en compétition internationale depuis juin 2023, après avoir effectué ses débuts en CSI sous la selle du Français Guillaume Savineau.
Un choix de cavalier comme une évidence

Aux dires de son propriétaires, Belle de Muze est une jument attachante
© Sportfot
Mais alors, pourquoi Driss Ngadi n’a-t-il pas confié sa jument à un cavalier marocain? La réponse est simple: “Il n’y a pas de cavalier marocain aux États-Unis, ils sont tous en Europe ou au Moyen-Orient, là où il y a beaucoup de concours. Or, je suis moi-même établi outre-Atlantique, et je voulais que ma jument reste près de moi”. C’est ainsi qu’il a rencontré Luis Fernando Larrazabal. “J'avais remarqué Luis sur Ies réseaux sociaux, et j’ai très vite pensé que Belle lui conviendrait. Plus tard, alors qu’elle sautait 1,45 m au Maroc et qu’elle s’était fait remarquer en France, plusieurs cavaliers de CSI 5* aux États-Unis voulaient la monter, mais j’ai toujours pensé à Luis”, explique le propriétaire de la fille de Ponsée. L’an passé, celle-ci a été la première jument du stud-book marocain à atteindre les minimas d’éligibilité requis pour les épreuves olympiques de saut d’obstacles. Elle a également permis à son cavalier d’atteindre le troisième rang du classement olympique des groupes de nation D et E, qu’il a dominé avec une autre monture, Condara, ce qui a permis au Vénézuélien d’obtenir son ticket pour les JO de Paris 2024.
“Elle devait participer aux JO, mais nous avons décidé de ne pas la faire voyager, car elle devait sauter les CSI 5* de la Major League Showjumping aux États-Unis”, explique Driss Ngadi. “Son cavalier était aussi qualifié avec un autre cheval, et nous avons jugé que c’était trop pour Belle à ce moment-là. Elle n’était pas préparée pour ces hauteurs, et je ne voulais pas lui imposer un championnat aussi exigeant même si elle aurait tout donné, comme toujours. Cela n’aurait pas été juste pour elle”. “Elle est très attachante, tout le monde l’aime à l’écurie”, confie également le Marocain. “Je ne m’inquiète jamais pour elle lorsqu’elle part en concours, car je sais qu’elle est choyée.”
Une descendance déjà assurée
En ce moment, Belle de Muze HM est basée à Wellington, où elle a enchaîné les performances du 29 janvier au 19 février, remportant trois victoires à 1,45m et terminant deuxième à 1,50m. “Nous préférons la faire concourir dans des épreuves qu’elle peut sauter facilement, afin qu’elle puisse rester performante le plus longtemps possible”, explique Driss Ngadi. “Elle est très à l’aise à 1,45m et 1,50m, hauteurs où elle gagne et se classe souvent face aux montures des meilleurs cavaliers du monde.” Si le but est que la jument continue de concourir le plus longtemps possibles, son propriétaire l’a déjà mise à la reproduction à une reprise via la technique du transfert d’embryon. Il a alors choisi de la croiser au regretté Diamant de Semilly. “J’aime beaucoup les Selle Français, alors ce choix était une évidence”, assure-t-il. “Je pense que Diamant va compenser la finesse de Belle, et vice versa. Je ne pense pas me tromper avec ce croisement.”