“Nous aurons besoin de toute la communauté équestre pour gagner notre pari”, Christophe Ameeuw

Un CSI 5* sur une journée, un mercredi, avec deux épreuves ouvertes au public. Tel est le concept du nouvel événement parisien porté par Christophe Ameeuw. Il est programmé le 17 décembre à Paris la Défense Arena, l’immense salle de Nanterre qui avait accueilli les épreuves de natation des Jeux olympiques de Paris 2024, et où se produisent les rugbymen du Racing 92 et nombre de très grands artistes. Le Belge, qui avait relancé le Jumping de Bruxelles, fondé le Gucci Masters à Paris, créé la série des Longines Masters (Paris, Hong Kong, Los Angeles, New York et Lausanne), puis coorganisé le Rolex Masters de Chantilly en 2021, promet “une expérience immersive inédite, qui révolutionnera le sport équestre et repoussera les limites du saut d’obstacles”. Il détaille ici les tenants et aboutissants de son projet novateur.



Un peu plus de quatre ans après votre dernier événement, le Rolex Masters de Chantilly, vous serez de retour le 17 décembre à Paris, où vous aviez fondé le Gucci Masters puis la série des Longines Masters, pour One Night Only, un CSI 5* organisé sur une seule journée. À quoi va ressembler cet événement?

Il aura précisément lieu à Nanterre, à Paris la Défense Arena. Cette salle gigantesque n’est qu’à une station de RER de l’Arc de Triomphe! Je m’y suis déjà rendu en tant que spectateur, et ma fille y est allée pour voir Taylor Swift. Cet endroit a aussi accueilli les épreuves olympiques et paralympiques de natation, qui ont été magnifiques. Cette arène ayant une capacité globale de 25.000 personnes en configuration de rencontre sportive, la piste y sera encore plus grande qu’au CHI de Genève (aménagée à Palexpo, elle mesurait l’an passé 93m x 54m, ce qui est considérable ndlr), même si elle n’occupera pas l’intégralité de la salle. En effet, celle-ci n’est ouverte en entier que pour des concerts géants, comme ceux de Taylor Swift ou des Rolling Stones. De notre côté, nous allons intégrer le paddock à la piste principale, ce qui permettra au public de voir les deux, même si les chevaux qui s’échaufferont seront séparés de celui qui sautera son parcours. La Fédération équestre internationale (FEI) s’occupe de la partie technique liée à la mise en place de cette idée, que nous trouvons assez originale. Nous sommes en train de définir le programme précis. Dans un concours classique, les couples doivent terminer un parcours avant de pouvoir sauter le Grand Prix. Là, nous aurons a priori des épreuves d’échauffement officialisées, qui se dérouleront sans public. 

De fait, le public aura accès à deux épreuves, n’est-ce pas?

Oui. L’après-midi, nous proposerons un Sprint, une épreuve de vitesse, comparable à ce qui existe en Formule 1 ou en MotoGP. Le classement de celui-ci déterminera l’ordre de départ du Grand Prix, programmé à 20h30 avec une première manche, un entracte de vingt à vingt-cinq minutes comprenant un spectacle similaire à celui du Super Bowl (le grand raout annuel du football américain, ndlr), puis une seconde manche. Que l’on pratique ou connaisse l’équitation ou non, on peut venir de toute l’Europe pour assister à ce genre de spectacle, qui va une nouvelle fois placer notre sport sous le feu des projecteurs! 



“Je veux vraiment surfer sur la vague des JO de Paris”

Comment est née en vous l’idée de mettre sur pied un rendez-vous à la forme aussi inédite?

Ce projet a vu le jour grâce au triomphe des Jeux olympiques de Paris 2024. Par miracle, j’ai réussi à obtenir des tickets pour la finale individuelle de saut d’obstacles, à laquelle j’ai pu assister avec mes enfants. Mes deux garçons, qui jouent au rugby et ne s’intéressent pas énormément aux chevaux, ont été époustouflés à Versailles! Nous étions tous réunis, connaisseurs ou non, passionnés ou non, dans les tribunes, sous le soleil, à regarder un sport qui nous a procuré plein d’émotions et de rebondissements. C’était vraiment spectaculaire. Si cela a aussi bien fonctionné, c’était non seulement parce qu’il s’agissait des JO et que les chevaux et cavaliers nous ont donné à voir un spectacle sublime, mais aussi et surtout parce que nous nous trouvions à Versailles. Ce cadre nous a offert les plus belles images possibles, et notre discipline a bénéficié d’une exposition comparable à celle des sports les plus populaires. Je veux vraiment surfer sur cette vague, et je pense qu’un événement comme One Night Only va attirer des personnes qui ont découvert notre sport aux JO.

À mon sens, la mi-décembre est un moment idéal pour organiser une telle manifestation, parce que les gens ont envie de sortir et de profiter de l’ambiance des fêtes. Et puis, je pense que nous allons parler à un public très international, qui aura envie de venir voir s’affronter les tout meilleurs cavaliers mondiaux. Ceux-ci devraient tous être présents, étant donné que la date tombe entre celles du CHI de Genève, où se déroule la finale du Top Ten, et du CHI-W de Londres.

Pourquoi avoir choisi cette salle en particulier, et décidé d’organiser votre événement en pleine semaine, un mercredi?

Après le succès inouï des JO, le choix de Paris m’a semblé incontestable. J’ai songé aux plus belles salles de l’agglomération pouvant rendre un tel événement unique. Selon moi, ce ne pouvait être que l’Accor Arena, à Bercy, ou La Défense Arena. Les équipes de GL Events Equestrian, dirigées par Sylvie Robert (qui ont aussi mis sur pied les épreuves équestres des JOP de Paris en groupement avec la Fédération française d’équitation et d’autres partenaires, ndlr), ayant déjà organisé une superbe finale de la Coupe du monde à Bercy en 2018, j’ai choisi La Défense Arena.

Une fois ce choix arrêté, je me suis demandé comment remplir les tribunes de ce qui sera le plus grand concours indoor au monde lors de deux sessions: une l’après-midi et l’autre en soirée. Avec 9.000 centres équestres en France, je pense que nous pouvons compter sur une véritable communauté de passionnés. D’ailleurs, j’ai été très impressionné d’apprendre que le département des Hauts-de-Seine (dont Nanterre est le chef-lieu, ndlr) comptait plus de cavaliers licenciés que de footballeurs. En outre, je compte sur la curiosité des gens pour ce spectacle réunissant quarante couples dans un Grand Prix doté d’1 million d’euros.

Quant au mercredi, j’ai choisi ce jour parce que les Franciliens sont tous là, alors qu’ils partent souvent à la campagne ou sur les côtes le week-end. Ce n’est pas un hasard si les matches de la Ligue des champions de football sont programmés le mardi et le mercredi. De même, les enfants n’ont pas cours le mercredi après-midi, et la première session leur sera dédiée en priorité.



“Proposer quelque chose d’inédit, d’unique et de différent”

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© DR

Financièrement, comment entendez-vous assurer la rentabilité de cet événement ultra-éphémère?

Je ne voulais pas adopter une organisation aussi lourde que celle nous avions mise en place à l’époque des Longines Masters, par exemple. Je suis convaincu qu’il faut proposer quelque chose d’inédit, d’unique et de différent. Cette fois, le modèle est assez léger. En termes de logistique, quarante cavaliers, cela représente tout au plus trente camions, ce qui résout les problèmes de stationnement. Nous aurons besoin d’environ quatre-vingts boxes, que nous pourrons facilement installer au sein de l’Arena. Si nous n’accueillons pas d’exposant, nous nous évitons le montage et le démontage fastidieux d’un village. Nous ne proposerons pas non plus de tables VIP comme on en trouve en bord de piste de tous les concours. Bien sûr, les personnes le souhaitant pourront réserver les espaces réceptifs de l’Arena. En tout, nous prévoyons une journée de montage, une de compétition et une de démontage, ce qui amoindrit aussi les coûts, puisque nous louerons moins longtemps la salle.

Tout repose donc sur la billetterie?

Oui, c’est vraiment le grand défi ! Le département des Hauts-de-Seine m’a un peu rassuré sur ce point, en nous expliquant qu’il y a deux cent cinquante écoles ainsi que des centres équestres à proximité, et que beaucoup de familles sont à la recherche d’activités le mercredi après-midi. En tout cas, notre concept repose vraiment sur le grand public, auquel nous voulons proposer un vrai show et le meilleur du sport. Je suis persuadé qu’un grand spectacle tel que One Night Only fera du bien à notre filière, mais pour réussir notre pari, nous aurons besoin d’engager l’ensemble de la communauté équestre.

Quid des partenaires?

Ce projet est très ambitieux et attractif. Pour l’instant, tous les feux sont au vert. Des partenaires nous ont sollicité, et nous en avons sollicité d’autres, mais comme je le disais, nous comptons avant tout sur le public. Deux sessions, cela représente deux fois vingt-cinq mille tickets. Nous espérons un taux d’occupation de 70%. Ce modèle ne sort pas de nulle part. C’est celui des salles de concerts, chanteurs et groupes, qui n’ont pas de sponsor, la plupart du temps. Leurs événements sont majoritairement financés par la vente de tickets (et les buvettes, ndlr). La dernière fois que nous avons lancé un événement à Paris, nous l’avons fait perdurer onze ans. J’aimerais bien installer de nouveau quelque chose de durable et je n’ai surtout pas envie de rester sur le goût amer des événements qui ont dû être stoppés au moment de la pandémie de Covid-19…



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