Contraint d’être opéré d’une hernie discale, Steve Guerdat renonce à la finale de la Coupe du monde

Contraint et forcé, Steve Guerdat ne participera ni à la première levée du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles, mi-mars au CHI de Bois-le-Duc, ni à la finale de la Coupe du monde Longines, début avril à Bâle, chez lui en Suisse. Le Jurassien n’aurait manqué ces deux rendez-vous pour rien au monde, en authentique homme de cheval et de grands rendez-vous qu’il est. Rien, sinon sa santé, bien évidemment. Le champion olympique individuel de 2012, avec Nino des Buissonnets, vice-champion olympique individuel de 2024, avec Dynamix de Bélhème, médaillé de bronze par équipes des JO de 2008, avec Jalisca Solier, champion d’Europe de 2023, avec Dynamix, et triple vainqueur de la finale de la Coupe du monde, en 2015 avec Paille de la Roque, 2016 avec Corbinian et 2019 avec Alamo, avait déjà été opéré d’un ménisque en décembre. Hier, il a été opéré d’une hernie discale.

Aujourd’hui, il s’est exprimé directement en direction du public, ce qu’il fait très rarement en dehors des remises des prix et des conférences de presse, où sa présence et son discours constituent toujours une valeur ajoutée. Voici reproduit ici son message en intégralité: “Il est assez rare que je prenne personnellement le temps de vous écrire, mais je ressentais le besoin de m’exprimer, et ça tombe bien: dans mon lit d’hôpital, j’ai beaucoup de temps. En effet, j’ai eu quelques problèmes de santé ces derniers temps. Rien de très grave, je vous rassure: juste avant Noël, j’ai été opéré, avec succès, du ménisque, et ce mardi, c’est du dos que j’ai dû me faire opérer d’urgence à cause d’une hernie, certes pas nouvelle mais qui a bougé et pris beaucoup de volume ces dernières semaines.” 

“L’envie de monter [...] a pris le dessus sur la raison”

“L’envie de disputer le premier Grand Chelem de l’année et de me qualifier pour la finale de la Coupe du monde dans mon pays a pris le dessus sur la raison, et j’ai tout tenté pour me qualifier d’abord et puis oui, je rêvais d’y briller. Quoi de plus beau que de pratiquer son sport, qui plus est une finale de Coupe du monde, devant ses amis, ses proches, ses fans et sa famille. Aujourd’hui, malheureusement, mon équipe médicale m’a clairement dit qu’il était impensable d’espérer y participer. Je vais avoir besoin de temps pour me remettre: sur pied d’abord, et à cheval surtout. Je suis entre de très bonnes mains et je suis hyper motivé à vite revenir, mais je dois prendre le temps nécessaire. Je vous avoue que c’est assez dur pour moi de l’accepter après tous les efforts de cet hiver et cette obsession de qualification qui a duré jusqu’au tout dernier moment à Göteborg, mais la douleur et la peur des derniers jours m’ont aussi fait réaliser que malgré toute la passion que j’ai pour mon sport, cela ne servait à rien si la santé n’est pas au rendez-vous.”

“J’en profite pour remercier toute mon équipe à la maison qui m’a suivi durant cette période pas rose tous les jours, mes propriétaires qui ont été fantastiques et m’ont témoigné toute leur amitié et leur présence pour me soutenir chaque seconde, mes sponsors qui me témoignent eux aussi leur pleine confiance et leur soutien, et évidemment mes amis et ma famille qui, comme d’habitude, sont toujours là pour moi et simplement parfaits. J’aimerais quand même finir sur une note positive: je suis parfaitement conscient d’être un privilégié de la vie, je ne l’oublie jamais. Mes chevaux, mon sport et ma famille font de moi l’homme le plus heureux du monde, et j’accepte ce challenge avec force et humilité afin de revenir aussi vite que possible pour de nouvelles aventures. Merci à tous et à très bientôt.”

Un message empreint d’humilité, de vérité et de respect digne de l’immense champion qu’est Steve Guerdat. Un champion qui va énormément manquer au public pendant quelque semaines. Un champion qui reviendra, probablement avec une force décuplée pour les grands défis de l’été. En juillet, même si cette expression ne lui sied guère, le jeune quadragénaire devrait “défendre” son titre de champion d’Europe à La Corogne, en Espagne.