Tous les voyants restent au vert pour le salon des étalons de Saint-Lô
La dix-neuvième édition du salon des étalons de Saint-Lô, qui s’est achevée dimanche dans la Manche, a une nouvelle fois été une grande réussite. Plébiscité par les professionnels comme par le public venu remplir ses allées, l’événement a réuni centre quatre-vingt mâles, dont de nombreux jeunes, mais aussi des vedettes telles que le légendaire Casall, ou encore Quel Homme de Hus et Vancouver de Lanlore.
À l’instar de ceux employés par les étalonniers pour faire la promotion de leurs protégés pendant deux jours et demi, tous les superlatifs ou presque sont à nouveau autorisés pour dresser le bilan de la dix-neuvième édition du salon des étalons de Saint-Lô, qui a eu lieu du 21 au 23 février. Huit mille personnes ayant fait le déplacement au total, plus un centimètre carré disponible dans les tribunes et autour des soixante stands le samedi, cent quarante et un étalons chevaux et trente-neuf poneys, des stars confirmées dont certaines n’étaient jamais venues dans la Manche et une jeune génétique mâle en devenir: éleveurs, étalonniers, et passionnés de chevaux de sport ont été comblés lors de cette manifestation qui marque l’ouverture de la saison d’élevage. Habituées, pour certaines, à se rendre à Saint-Lô, les délégations étrangères présentes n’en restent pas moins quelque peu admiratives devant cet événement incontournable, qui ne “connaît pas d’équivalent en Europe”. Sans doute est-ce la force collective et l’association raisonnée de ressources organisatrices motivées, à savoir l’Association syndicale des étalonniers privés (ASEP), le stud-book Selle Français, le Pôle hippique de Saint-Lô et l’Organisation Normandie Poney (O.N.P), qui permet cette réussite.
La mise en avant de la jeune génétique
À l’image de Jericho de Hus, vainqueur du Masters des six ans, les jeunes étalons ont été mis en avant à Saint-Lô
© Timothée Pequegnot
L’organisation assume un focus régulier sur la jeune génétique mâle, dans la promotion de laquelle Saint-Lô joue un rôle prépondérant toute l’année, accueillant notamment le championnat des mâles de deux ans et le testage des trois ans du stud-book Selle Français, sans oublier la qualificative la plus fréquentée au niveau national pour ces deux finales. Aussi, “nous sommes dans le creuset de l’élevage français, et c’est l’identité forte de notre territoire”, considère Yann Adam, le directeur du pôle hippique de la préfecture manchoise. Au total, ce sont cinquante-deux mâles de quatre à six ans qui ont pris part aux présentations du salon, et la moitié des poneys étaient de jeunes individus. Nécessaire à un progrès génétique rapide, le recours à de jeunes étalons est encouragé par le Selle Français à travers son programme “Génétique avenir”, bien connu maintenant, et les étalonniers y mettent aussi du leur en proposant des conditions tarifaires attractives. Souvent, un contrat de saillie signé pour un étalon confirmé donnait droit à un contrat offert pour un jeune, ou à une réduction significative. Plusieurs structures ont fait part d’un intérêt plus important que d’habitude de la part des éleveurs pour les reproducteurs non confirmés, et particulièrement – mais pas que – pour ceux ayant su se mettre en valeur lors du Masters, l’épreuve d’exhibition du vendredi soir, réservée aux montures de quatre à six ans. Ayant le mérite de mixer avantageusement une dimension zootechnique, à savoir la caractérisation des mâles qui y sont notés, certes de manière très bienveillante, et un apprentissage progressif du métier de cheval de sport, la compétition a fait salle comble, tout le comme le Grand match Celle du samedi soir, qui rencontre toujours son public. Il faudra peut-être faire évoluer ces deux formules avant qu’elles ne s’essoufflent, d’autant qu’elles ont parfois tendance à s’étirer un peu en longueur, mais leurs promoteurs doivent composer avec les contraintes d’espace et de timing de l’événement.
Casall en invité vedette
Plus venu en Normandie depuis les Jeux équestres mondiaux de 2014, où il avait emmené son cavalier, Rolf-Göran Bengtsson, jusqu’à la fameuse finale tournante à quatre, et même plus sorti d’Allemagne depuis sa retraite sportive en 2017, le grand performer international Casall a honoré le salon de sa présence. Fringant comme un jeune cheval du haut de ses vingt-six ans, il a séduit lors de toutes ses apparitions du week-end pour ce qui était, a priori, le dernier voyage à l’étranger de sa vie. “La présence d’une star comme lui donne indéniablement une dimension supérieure à l’événement. On a besoin de s’émerveiller”, soulignait à raison un admirateur du Holsteiner. Samedi soir, celui-ci a pu profiter d’une cérémonie réservée aux étalons olympiques aux côtés de Vancouver de Lanlore, de retour à Saint-Lô quelques semaines après l’annonce de sa retraite sportive, et Quel Homme de Hus, médaillé de bronze par équipes à Tokyo sous la selle de Jérôme Guéry.
Tout au long de l’événement, les étalonniers ont rivalisé de superlatifs pour décrire leurs mâles, et un jeu de ping-pong s’est parfois installé entre eux. Si cela peut prêter à sourire, ou à grincer des dents, c’est selon, rien d’anormal dans un salon commercial où chacun promeut son produit. Toujours très difficile à quantifier et parfois démentie par les chiffres en fin de saison, la demande a semblé forte, et l’humeur était positive. De nouveaux opérateurs de l’étalonnage sont apparus, ce qui est rassurant, et même encourageant pour la diversité et la dynamique de la filière. Le public en a encore pris plein les yeux, et les étalons ont rencontré leurs nombreux admirateurs, petits ou grands, avec un succès incontestable pour les poneys, qui font bien des envieux quant à leur aisance sur les parcours. Tous les feux sont au vert pour commencer à réfléchir à de possibles et potentiels évolutions autour du vingtième anniversaire de ce salon, qui sera célébré l’an prochain. Peut-être faudra-t-il pousser un peu les murs, sans changer pour autant une recette aux ingrédients appréciés.
