La Fédération européenne appuie la FEI dans sa volonté de mieux contrôler le serrage des muserolles

Dans le débat qui agite la communauté du saut d’obstacles au sujet de l’outil de contrôle de serrage des muserolles des chevaux, Theo Ploegmakers, président de la Fédération équestre européenne (EEF), a décidé de s’exprimer pour faire entendre son point de vue. Et il soutient la FEI dans sa volonté de renforcer les règles et les contrôles.



“L’introduction par la Fédération équestre internationale (FEI) d’un outil de contrôle du serrage des muserolles pour les chevaux participant à des compétitions de haut niveau, qui sera mis en place d’ici le 1er mai 2025, suscite de nombreux commentaires, en particulier de la part des cavaliers. Cet outil est mis en place à la suite de nombreux rapports faisant état de muserolles trop serrées. La FEI, en tant qu’instance dirigeante mondiale des sports équestres, a pour mission d’élaborer des règles qui privilégient le bien-être des chevaux et préviennent d’éventuels mauvais traitements. Cependant, certains cavaliers affirment souvent qu’ils savent ce qui est le mieux pour leur cheval et qu’ils sont les mieux placés pour juger de ce qui est bien ou mal; et que par conséquent, la FEI ne devrait pas établir de règles sur la manière de harnacher les chevaux. Mais est-ce bien juste?

Les règles relatives au bien-être des chevaux de sport sont essentielles pour garantir que les chevaux sont traités de manière éthique et qu’ils restent en bonne santé et en sécurité à l’entraînement, en compétition et en dehors. Les chevaux ne parlent pas et dépendent entièrement des humains pour interpréter leurs besoins et les protéger. En répondant à ces préoccupations, les règles relatives au bien-être des chevaux créent un environnement qui concilie les exigences du sport et le bien-être des équidés impliqués. C’est essentiel non seulement pour la santé et la sécurité des chevaux, mais aussi pour la durabilité et l’acceptation par le public des activités équestres.

L’opinion des cavaliers selon laquelle la FEI ne devrait pas établir de règles telles que le serrage des muserolles, certains mors, etc., parce qu’ils savent mieux que quiconque ce dont leurs chevaux ont besoin et ce qui est le mieux pour eux, est à courte vue et représente un danger pour le bien-être des chevaux pour plusieurs raisons. Même les experts peuvent commettre des erreurs: même si les cavaliers de haut niveau ont une grande expérience, ils ne sont pas infaillibles. Ils peuvent mal évaluer une situation, succomber à la pression de la performance ou prendre des décisions influencées par des préjugés ou des émotions personnelles. Le manque de surveillance favorise les abus: en l’absence de règles normalisées, il n’existe aucun mécanisme permettant de prévenir ou de répondre aux mauvais traitements. L’hypothèse selon laquelle l’expertise garantit un comportement éthique est risquée, car tous les cavaliers ne privilégient pas le bien-être des chevaux par rapport au succès ou aux gains financiers. La cohérence est importante: les règles de la FEI établissent des normes universelles pour garantir que tous les chevaux, à tous les niveaux, sont traités de manière équitable et responsable, quels que soient les compétences ou le statut de leur cavalier. Sans ces règles, les pratiques varieraient considérablement, ce qui entraînerait des incohérences et des dommages potentiels. Quant à la protection contre les dommages, les règles relatives au bien-être des animaux sont fondées sur la science vétérinaire et sur des principes éthiques, fournissant un cadre qui minimise les risques tels que les pratiques abusives. Ces garanties s’appliquent de la même manière à tous les participants, qu’ils soient novices ou professionnels de haut niveau.



“La position selon laquelle les cavaliers ‘savent mieux que quiconque’ est à courte vue”, Theo Ploegmakers

Quant aux conflits d’intérêts, les cavaliers, quel que soit leur niveau de compétence, peuvent privilégier la réussite de la compétition au détriment du bien-être dans des situations de forte pression. Les règles de la FEI font contrepoids et garantissent que les besoins des chevaux restent une priorité, en particulier face à des incitations compétitives ou financières. Je citerai encore les préjugés inconscients: même les cavaliers les mieux intentionnés peuvent ne pas reconnaître les signes de stress ou de blessure chez leurs chevaux, en particulier s’ils sont concentrés sur la victoire ou l’atteinte des objectifs d’entraînement. La confiance du public dans le sport est essentielle. Le public attend des règlements clairs pour protéger les chevaux et peut considérer le fait de ne pas établir de règles comme un manque d’engagement en faveur du bien-être. Au titre de la responsabilité éthique, les règles de la FEI reflètent l’évolution des normes de la société en matière de soins aux animaux et obligent tous les cavaliers à respecter ces principes. Enfin, il y a un risque de normalisation des abus. En l’absence de surveillance, les pratiques qui nuisent aux chevaux, telles que la surexploitation, les méthodes d’entraînement brutales ou le fait de pousser des chevaux blessés à participer à des compétitions, pourraient se généraliser et éroder les protections que la FEI a mises en place en matière de bien-être.

La position selon laquelle les cavaliers “savent mieux que quiconque” est donc à courte vue. Les règles ne sont pas réservées à ceux qui manquent d’expérience; elles constituent une garantie essentielle pour assurer un traitement éthique et cohérent des chevaux dans l’ensemble du sport. Si les cavaliers peuvent disposer de connaissances exceptionnelles, il n’est ni juste ni sûr de supposer qu’ils sont à l’abri des erreurs, des préjugés ou des pressions liée à la compétition. Les cavaliers responsables doivent reconnaître la valeur des règles de la FEI pour protéger le bien-être des chevaux et garantir l’intégrité du sport. On peut s’attendre à ce que la FEI n’introduise des règles que lorsqu’il est clair qu’elle protège le bien-être des chevaux et qu’elle le fait en consultation avec les parties prenantes.”

Lire notre édito à ce sujet