Steve Guerdat et Martin Fuchs boycotteront la Ligue des nations en 2025
Steve Guerdat et Martin Fuchs ne prendront pas part à la Ligue des nations Longines cette année. Exprimant leur incompréhension vis-à-vis des choix de programmation de la Fédération équestre internationale, qui a récemment sorti le CSIO 5* de Saint-Gall du calendrier de sa série d’épreuves par équipes, parmi d’autres décisions contestables, les deux meilleurs cavaliers suisses préfèrent s’en tenir à l’écart. En 2025, ils se concentreront sur les autres CSIO, en vue desquels ils se rendront pleinement disponibles pour leur fédération nationale. Explications.
La Ligue des nations Longines (LNL) n’en est qu’à sa deuxième édition, et le vernis craque déjà. Pour rappel, il manque toujours une étape qualificative sur les cinq promises par la Fédération équestre internationale (FEI), fondatrice de ce circuit d’épreuve par équipes, qui a succédé à l’ancienne série FEI Longines des Coupes des nations. Non seulement il n’y en a que quatre, mais la FEI n’a pas su conserver dans son giron le superbe CSIO 5* de Dublin, et elle n’a pas jugé bon non plus de garder ceux de Hickstead et Falsterbo, alors que la Grande-Bretagne et la Suède sont deux immenses nations de la planète jumping et que ces deux Officiels ont une histoire, du cachet, un public, des sponsors et la volonté d’évoluer avec leur temps. Par le passé, elle avait déjà vu les CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, Rome et La Baule prendre leur indépendance. Et fin 2024, après une édition gâchée par des conditions météorologiques désastreuses ayant amputé de deux jours son programme sportif, le CSIO 5* de Saint-Gall a été éjecté – provisoirement? – du calendrier de la LNL. Afin d’avoir au moins quatre qualificatives avant la finale de Barcelone 2025, la FEI a misé sur le site varois de Gassin, où un premier CSIO 5* se tiendra en septembre.
L’an passé, le format sportif de la LNL, avec une première manche à quatre couples par nation et le moins bon score biffé, puis un second acte à trois où tous les résultats comptent, comme aux Jeux olympiques, a semblé convaincre tant le public que les parties prenantes du grand sport. En revanche, le calendrier est très loin de faire l’unanimité. En effet, les deux premières étapes, à savoir les CSIO 5* d’Abou Dabi et Ocala, ont été – et le sont à nouveau en 2025 – programmées bien trop tôt dans l’année, en février et mars, alors que la saison indoor bat encore son plein en Europe et que la phase qualificative de la Coupe du monde n’a pas livré tous ses verdicts. De plus, les cavaliers et chevaux, souvent contraints à de longs voyages, ont eu l’honneur, aux Émirats arabes unis comme aux États-Unis, de se produire devant très peu de spectateurs, dans des ambiances intimistes, pour ne pas dire indignes de tels enjeux sportifs. Quant à la finale de Barcelone, son organisation a laissé à désirer à plus d’un titre. À défaut d’être le plus élégamment mis en scène, le CSIO 5* de Rotterdam, hôte des championnats d’Europe de 2019, est donc le dernier lien entre la série FEI et l’histoire du saut d'obstacles. Voilà qui est ténu.
C’est dans ce contexte, et pour toutes ces raisons, que Steve Guerdat et Martin Fuchs ont pris une décision forte de sens, qui devrait interpeller le président Ingmar de Vos et l’état-major de la FEI: le boycott pur et simple de la LNL. On ne les verra donc pas à Abou Dabi, Ocala, Rotterdam, Gassin et Barcelone, si la Suisse se qualifie pour la finale. “Les Coupes des nations ont une importance majeure pour moi. Je trouve problématique que les plus grands concours traditionnels, qui ont marqué l’histoire de notre sport, ne soient pas pris en compte dans le calendrier de la LNL, au profit de compétitions qui, selon moi, attirent peu de spectateurs et n’ont pas une grande renommée. Je resterai disponible pour représenter la Suisse lors de toutes les autres Coupes des nations de cette saison, et nous souhaite une année couronnée de succès”, déclare Martin Fuchs.
“Je ne comprends pas la stratégie de la FEI”, Steve Guerdat
Steve Guerdat partage son avis: “Les Coupes des nations ont une grande importance pour moi, et représenter la Suisse dans ces compétitions est toujours un immense honneur. Je soutiens également Swiss Equestrian à 100 %. L’ambiance dans laquelle se dispute la Coupe des nations de Suisse, à Saint-Gall, ou celles d’autres concours traditionnels, dans des pays où l’équitation est profondément ancrée, est incomparable. Il existe partout dans le monde des compétitions fantastiques avec une ambiance exceptionnelle. C’est précisément cette atmosphère qui me manque dans les concours organisés davantage pour un public restreint que pour les passionnés de sports équestres. C’est pourquoi je ne comprends pas la stratégie de la FEI concernant la Ligue des nations Longines.”
L’absence de ses deux meilleurs cavaliers représente un manque à gagner énorme pour la Fédération suisse des sports équestres, récemment renommée Swiss Equestrian, même si la LNL est dénouée de tout enjeu de qualification olympique cette année – comme l’an passé, logiquement. L’instance ne le nie pas, mais elle ne blâme pas le Jurassien et le Zurichois. “Nous avons eu des discussions approfondies avec Martin Fuchs et Steve Guerdat. Nous respectons leur souhait. Lors des autres Coupes des nations, les deux cavaliers seront présents au sein de l’équipe et s’engageront pleinement pour défendre les couleurs de la Suisse”, explique Evelyne Niklaus, directrice sportive de Swiss Equestrian.
La semaine prochaine à Abou Dabi, le Néerlandais Peter van der Waaij, chef d’équipe nommé fin 2023 à la succession de Michel Sorg, a sélectionné Bryan Balsiger avec PSG Starlight, Romain Duguet avec Hunger Games du Champ du Bois, Édouard Schmitz avec Quno et Janika Sprunger avec Orelie. “En année post-olympique, on regarde immédiatement vers l’avenir. Les championnats du monde de 2026 à Aix-la-Chapelle, où seront attribués les premiers billets pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028, constituent un objectif majeur. Cette saison, nous ne nous concentrerons donc pas uniquement sur les performances immédiates, mais plus volontiers sur la construction de nouveaux couples avec une vision de long terme”, expose Peter van der Waaij. “La constitution d’un groupe de tête solide doit reposer tant sur les Coupes des nations 5* que sur les CSIO 4* et 3*, y compris ceux de la série des Coupes des nations Longines de la Fédération équestre européenne. Ce format de compétition impose des exigences particulières aux cavalières et cavaliers, et nécessite une certaine routine. La porte sera donc régulièrement ouverte à des couples prometteurs, afin qu’ils franchissent le cap vers le niveau supérieur, leur permettant de gagner en expérience et d’évaluer si la marche suivante est un objectif réalisable. S’agissant de sport de haut niveau, bien sûr, la réussite de bonnes performances est toujours une priorité absolue. Lorsque nos cavalières et cavaliers s’engagent dans une Coupe des nations, ils sont très motivés et tâchent toujours de produire des sans-faute et d’aider l’équipe à obtenir le meilleur résultat possible.”
En 2025, le CSIO 5* de Saint-Gall aura bien lieu, du 29 mai au 1er juin, et les Suisses tâcheront de bien y figurer et de faire honneur à des organisateurs dévoués et renvoyés au pied du mur par la FEI. “Nous voulons offrir à notre public un sport de haut niveau lors de la Coupe des nations de Suisse et remercier nos Swiss Equestrian Friends pour leur engagement. Toute l’équipe est très motivée pour donner le meilleur d’elle-même au Gründenmoos”, conclut Peter van der Waaij. Nul doute que Martin Fuchs et Steve Guerdat en seront. Nul doute qu’ils feront tout pour obtenir également une sélection aux CSIO 5* de Rome, du 21 au 25 mai en Italie, La Baule, du 4 au 8 juin, et Falsterbo, du 10 au 13 juillet. Nul doute, enfin, que leur motivation est intacte concernant les championnats d’Europe, prévus du 16 au 20 juillet à La Corogne, en Espagne. Steve Guerdat y défendra son titre, peut-être pas avec Dynamix de Bélhème. Quant à l’équipe helvétique, elle tentera d’y obtenir un meilleur résultat qu’en 2023, à Milan, où elle avait fini sixième alors qu’elle était favorite, sinon de faire aussi bien qu’en 2021 à Riesenbeck, où elle s’était parée d’or.