“Iron Dames nous renforce en tant que femmes dans ce sport dominé par les hommes”, Sophie Hinners

Depuis le début de son histoire, le Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux attend toujours la victoire d’une cavalière. Au faîte de sa gloire, Meredith Michaels-Beerbaum était passée tout près, mais cette épreuve reste l’une des toutes dernières du circuit international à encore échapper aux femmes. Cette année, la meilleure chance féminine est sans doute incarnée par l’Allemande Sophie Hinners, âgée de vingt-huit ans et lauréate de l’étape de Vérone en novembre. Battant notamment Ben Maher, champion olympique individuel en 2021 à Tokyo et par équipes en 2012 à Londres et 2024 à Paris, celle qui a récemment accordé un grand entretien à GRANDPRIX était devenue la première femme à remporter cette épreuve reine du salon Fiera Cavalli. Venue à Bordeaux dans l’optique de sécuriser sa qualification pour la finale de Bâle, elle semble bien partie avec quarante points et une onzième place au classement provisoire. Elle est d’ailleurs la seule femme dans le top vingt des qualifiés virtuels. Entretien.



Quel est votre objectif ici à Bordeaux? Consolider votre qualification pour la finale de Bâle? Être la première femme à remporter ce Grand Prix Coupe du monde, comme ce fut le cas à Vérone?

Mon objectif ici est avant tout de glaner des points pour assurer ma qualification pour la finale. Quant à remporter cette étape, ce serait évidemment un rêve.

L’année 2024 a été une extraordinaire avec vos premières victoires importantes au niveau 5*, dont la Coupe du monde à Vérone, qui fut votre premier Grand Prix 5*, et la finale de la Global Champions League. Quels sont vos objectifs et envies pour 2025 ?

Oui, cette saison indoor a vraiment été fabuleuse jusqu’à présent, tout comme l’année 2024. D’abord, c’était la première saison où je pouvais enchaîner les CSI 5*, dont les étapes de la Global Champions League, avec mon équipe des Étoiles de Cannes soutenue par Iron Dames. Nous avons d’ailleurs terminé premières au classement final. Ma victoire à Vérone a également été un grand moment. Cette année, j’espère que nous pourrons attaquer tout aussi fort et essayer de nous maintenir au sommet. Nous avons également en ligne de mire les championnats d’Europe (programmés en juillet à La Corogne, ndlr) ainsi qu’une ou deux Coupes des nations.

Quel chemin avez-vous suivi avant d’atteindre l’élite? Êtes-vous née dans une famille de cavaliers? Avec qui avez-vous appris votre métier?

Je viens d’une famille à “demi-cavalière”: mes parents ne montent pas, mais mon cousin, mon oncle et ma tante étaient cavaliers. C’est par leur intermédiaire que je suis arrivée aux sports équestres. Je monte quasiment tous les jours depuis que j’ai trois ou quatre ans. Petite, je voulais avant tout pratiquer le dressage. À poney, j’ai toujours pratiqué un peu les deux disciplines, avant de m’orienter avec bonheur vers le saut d’obstacles. Après ma première formation, je suis partie aux Pays-Bas travailler trois ans chez Emil Hendrix. C’est là que j’ai commencé à monter en CSI et mes premiers Grands Prix de niveaux 2*, 3* et 4*. Je suis ensuite revenue en Allemagne, où je me suis installée dans les écuries Vogel & Will Equestrian. Richard Vogel est mon petit ami. Avec David Will (cavalier international et sélectionneur-entraîneur de l’équipe saoudienne, ndlr), ils dirigent ensemble cette entreprise.

Comment avez-vous découvert My Prins*Iron Dames, que vous monterez demain en Coupe du monde? Quels sont ses qualités et défauts et petites manies?

My Prins est un cheval à part pour nous. Avant moi, c’était David Will, mon boss, qui le montait. Nous le connaissons depuis plusieurs années et le suivions déjà en concours nationaux avec son cavalier précédent. Nous l’avons toujours trouvé impressionnant et pensions qu’il avait toutes les qualités pour le très haut niveau. David a ensuite pu le monter pour ses précédents propriétaires, puis Vogel&Will Equestrian l’a acheté. David avait déjà eu beaucoup de bons résultats avec lui, l’avait monté en Coupes des nations et avait remporté le Grand Prix CSI 5* de Mexico.

Depuis l’an dernier, j’ai le droit de le monter et Deborah Mayer, fondatrice d’Iron Dames, l’a “sécurisé” sous ma selle. Nous nous sommes bien entendus dès notre premier concours, l’an dernier à Falsterbo. Je dois aussi dire que j’ai la chance que David et Richard aient déjà monté le cheval et le connaissent par cœur; ainsi, ils ont pu me prodiguer de nombreux conseils, si bien que notre période d’adaptation s’est très bien passée et a été très rapide. D’ailleurs, je l’avais déjà monté sur le plat à la maison.

Il a d’incroyables moyens. Chaque obstacle semble facile avec lui. Il peut être un peu sur l’œil comme lors de la session de familiarisation ici à Bordeaux et faire de petits écarts. Cela arrive souvent le premier jour. C’est un grand cheval, mais il peut aussi être très bébé quand il fait l’idiot comme ça. Avec lui, aucun Grand Prix n’est trop haut: en entrant en piste, on sait qu’il franchira facilement tous les obstacles. Il se bat vraiment pour moi. Je suis très heureuse de pouvoir le monter.



“Ce Grand Prix sera une vraie chasse aux points”

Quelle est l’idée derrière le concept d’Iron Dames et quels sont les objectifs à long terme de cette équipe?

Le projet Iron Dames a été créé par Deborah Mayer (une Française, ndlr). Il est né dans les sports mécaniques, puis s’est étendu aux sports équestres en 2023. Ce projet soutient des sportives de haut niveau dans deux disciplines où femmes et hommes s’affrontent dans les mêmes épreuves. L’idée est de nous soutenir et de nous renforcer dans ces deux sports dominés par les hommes. C’est précisément ce que nous voulons changer et montrer qu’en tant que femmes, nous pouvons également être performantes même si c’est toujours un peu plus difficile pour nous. Avec une bonne stratégie, beaucoup de travail et un soutien adéquat, tout est possible. Ce projet est génial! ll y a de plus en plus d’Iron Dames, qu’il s’agisse de jeunes pilotes de karting ou de professionnelles expérimentées. Je suis très reconnaissante d’en faire partie et de bénéficier de ce soutien incroyable (la cavalière explique plus en détail comment elle a rejoint le collectif dans cet autre entretien, ndlr).

Quel est votre pronostic pour ce Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux? À part vous, qui peut l’emporter?

Dans une telle épreuve, il faut se donner à fond et une erreur peut vite arriver. La piste est nouvelle pour nous, donc nous devons y prendre nos marques. Il y a beaucoup de bons cavaliers qui ont besoin d’aller chercher des points ici, parce que le classement de la Ligue d’Europe occidentale Longines est très serré pour l’instant. Ce sera une vraie chasse aux points et tout le monde va tout donner.

Comment trouvez-vous ce Jumping international de Bordeaux que vous découvrez?

C’est un très beau concours. Mon cheval doit s’habituer à la présence du public autour du paddock, mais je trouve que l’atmosphère est vraiment sympa. J’ai hâte de voir ce que cela va donner avec 7.000 spectateurs et cette ambiance si connue de Bordeaux.

Les listes de départs et résultats

Toutes les épreuves du Jumping international de Bordeaux sont retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv, sauf le Grand Prix Coupe du monde Longines et la finale de la Coupe du monde d’attelage, diffusées en exclusivité sur ClipMyHorse.tv



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